5ème dimanche de Pâques

L'Evangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Moi, je suis la vraie vigne,
et mon Père est le vigneron.
Tout sarment qui est en moi,
mais qui ne porte pas de fruit,
mon Père l’enlève ;
tout sarment qui porte du fruit,
il le purifie en le taillant,
pour qu’il en porte davantage.
Mais vous, déjà vous voici purifiés
grâce à la parole que je vous ai dite.
Demeurez en moi, comme moi en vous.
De même que le sarment
ne peut pas porter de fruit par lui-même
s’il ne demeure pas sur la vigne,
de même vous non plus,
si vous ne demeurez pas en moi.

Moi, je suis la vigne,
et vous, les sarments.
Celui qui demeure en moi
et en qui je demeure,
celui-là porte beaucoup de fruit,
car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire.
Si quelqu’un ne demeure pas en moi,
il est, comme le sarment, jeté dehors,
et il se dessèche.
Les sarments secs, on les ramasse,
on les jette au feu, et ils brûlent.
Si vous demeurez en moi,
et que mes paroles demeurent en vous,
demandez tout ce que vous voulez,
et cela se réalisera pour vous.
Ce qui fait la gloire de mon Père,
c’est que vous portiez beaucoup de fruit
et que vous soyez pour moi des disciples. »

– Acclamons la Parole de Dieu.

Jn 15, 1-8

L'homélie

Trop, c’est trop… Taillons !

« Trop, c‘est trop ! » 
Voilà une expression que nous employons quand nous sommes débordés.
Trop d’activités ; trop de pression ; trop de gens autour ne nous pour nous dire ce que nous devrions faire.
« Trop, c’est trop » :
c’est certainement l’une des leçons que l’on peut tirer de ce passage d’évangile appelé l’Evangile de la Vigne et des sarments 
« Moi je suis la vrai vigne, dit Jésus. Et mon père est le vigneron.
Tout sarment qui porte du fruit, mon père le purifie en le taillant pour porter davantage de fruits ».
Que faut-il donc tailler et enlever de nos vies pour qu’elles soient plus fructueuses ?…
 « Trop, c’est trop » !  Il y a dans nos vies trop d’activités :
Jésus nous invite peut-être aujourd’hui à regarder nos agendas : En dehors de nos engagements professionnels ou associatifs, il y a sans doute plein d’autres activités culturelles, ou sportives. Et il y a ces fameux écrans qui nous prennent tellement de temps : l’ordinateur, le téléphone, la télévision… etc. etc…
Nous voilà dispersés, écartelés entre mille choses ; du coup, nous faisons tout à la va-vite et peut être trop superficiellement. Nous sommes dans l’agitation continuelle, et non dans l’action efficace. 
« Trop c’est trop »  Jésus nous invite à tailler notre vigne, tailler nos vies.
Je crois qu’il nous invite à faire des choix : choisir la fécondité à la place de l’agitation moderne !
Dieu est exigeant : Il ne nous a pas mis sur terre pour que nous nous dispersions nos forces en butinant sur toutes les fleurs.
Il nous a mis sur terre popu que nous portions du fruit. Taillons, faisons des choix  et faisons tout le travail nécessaire pour être non une vigne avec mille sarments secs, mais une vigne avec quelques sarments vigoureux : lourds des plus beaux fruits possibles !
« Trop, c’est trop ! » Il y a dans nos vies trop d’activités, il y a aussi trop de pression. 
Tout le monde le dit, aussi bien dans l’entreprise qu’à l’école, aussi bien sur les terrains de sport que dans le monde du spectacle, aussi bien dans la société que dans l’Eglise : « C’est la pression ! On nous met la pression ! » 
Il faut faire « toujours plus, toujours plus vite, et toujours mieux ».Et cela peut devenir invivable !
La conséquence de cela est une nouvelle maladie qui est de plus en plus fréquente : le « Burn Out ».
Eh bien , à partir d’un certain moment, il faut savoir dire « stop » !  C’est assez ! Changeons de cap ! »
Tailler nos vies, comme tailler les sarments, c’est évacuer cette pression galopante en osant dire : 
« Stop, moi j’arrête ! Je ne peux pas faire toujours plus, toujours plus vite, toujours mieux…
Je veux faire autrement, je veux faire « spirituellement », c’est-à-dire :
Je veux faire les choses : en prenant le temps et les moyens de les goûter, de les apprécier, de les intérioriser, de voir comment elles me construisent, me font grandir, comment elles m’enrichissent ! » . 
C’est ce que Dieu dit quand il crée le monde.
Vous vous souvenez de la première lecture de la veillée pascale tirée du livre de la Genèse ?
Après chaque jour de la Création , Dieu ne se met pas la pression en se dépêchant à créer la suite !
Il s’arrête et goûte ce qu’il vient de faire : « Et Dieu vit que cela était bon ! » 
C’est ce que nous devons faire pour être une vigne fructueuse : 
arrêter la pression, s’arrêter, regarder, et goûter ce qu’on a fait. Intérioriser ce qu’on fait, et nous grandir intérieurement à partir de ce qu’on a fait extérieurement. 
C’est ça la vie spirituelle, c’est ça la vraie fécondité demandée par Dieu, le Maître de la vigne… La vigne que nous sommes tous !

 « Trop, c’est trop ! » Trop d’activités, trop de pression,…
Trop de monde aussi pour nous dire ce que nous devrions faire. 
Tous nous avons fait cette expérience : quand on veut faire quelque chose ou quand on est responsable de
quelque chose, il y a plein de monde autour de nous pour nous dire :  ce que j’appelle le « Ya ka Y faut »
«  Tu devrais faire ceci…cela… Tu ne devrais pas faire ceci… pas faire comme cela…» 
Et puis, au moment se lancer, et de faire ce que l’on a décidé de faire, ou qu’on nous ou poussé à faire, il n’y a
plus personne… on se retrouve seul à le faire.
Tailler nos vies, c’est donc mettre à distance tous ces donneurs de leçons.
C’est ce que l’Eglise appelle « le discernement » :
Ne rester jamais tout seul. Mais s’entourer d’une équipe de fidèles : ouverts à la différence et à la contradiction
pour agir efficacement.
Pas besoin d’être cinquante : mais quand même suffisamment nombreux :
Pour être efficace, pour être une vigne fructueuse, il suffit de suivre l’exemple de ce que Jésus a fait :
il a choisi pour sa mission 12 Apôtres. Et quand il envoie ses disciples en mission, il les envoie 2 par 2.
Ensuite : régulièrement, ils se retrouvent ensemble pour faire le point. Pour prier ensemble. Pour rendre grâce
pour les fruits qui ont poussés.
Oui, pour être une vigne fructueuse, regardons d’abord autour de nous ce qui va bien.
Essayons de discerner tous ces gestes positifs qui encouragent, qui édifient, et qui dynamisent,
plutôt que critiquer systématiquement ce qui n’a pas été parfaitement réussi.

 « Je suis la vigne et vous êtes les Sarments », nous dit Jésus.

Pour être fructueux avec Jésus : taillons nos vies
en faisant des choix, 
en intériorisant ce qu’on fait, 
et en faisant équipe avec Jésus,
non pas par des paroles et des discours, mais par des actes, et en vérité.
Pour faire ce qui est agréable à ses yeux.

Père Dominique Lemahieu

Wambrechies , le 21 avril 2024