5ème dimanche de Carême
L'Evangile
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là,
il y avait quelques Grecs parmi ceux qui étaient montés à Jérusalem
pour adorer Dieu pendant la fête de la Pâque.
Ils abordèrent Philippe,
qui était de Bethsaïde en Galilée,
et lui firent cette demande :
« Nous voudrions voir Jésus. »
Philippe va le dire à André,
et tous deux vont le dire à Jésus.
Alors Jésus leur déclare :
« L’heure est venue où le Fils de l’homme
doit être glorifié.
Amen, amen, je vous le dis :
si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas,
il reste seul ;
mais s’il meurt,
il porte beaucoup de fruit.
Qui aime sa vie
la perd ;
qui s’en détache en ce monde
la gardera pour la vie éternelle.
Si quelqu’un veut me servir,
qu’il me suive ;
et là où moi je suis,
là aussi sera mon serviteur.
Si quelqu’un me sert,
mon Père l’honorera.
Maintenant mon âme est bouleversée.
Que vais-je dire ?
“Père, sauve-moi
de cette heure” ?
– Mais non ! C’est pour cela
que je suis parvenu à cette heure-ci !
Père, glorifie ton nom ! »
Alors, du ciel vint une voix qui disait :
« Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore. »
En l’entendant, la foule qui se tenait là
disait que c’était un coup de tonnerre.
D’autres disaient :
« C’est un ange qui lui a parlé. »
Mais Jésus leur répondit :
« Ce n’est pas pour moi qu’il y a eu cette voix,
mais pour vous.
Maintenant a lieu le jugement de ce monde ;
maintenant le prince de ce monde
va être jeté dehors ;
et moi, quand j’aurai été élevé de terre,
j’attirerai à moi tous les hommes. »
Il signifiait par là de quel genre de mort il allait mourir.
– Acclamons la Parole de Dieu.
Jn 12, 26
L'homélie
Admirable échange
Pour essayer de comprendre les mots que nous venons d’entendre, il faut faire un petit retour en arrière, et lire avec attention la Bible :
Vous souvenez-vous des textes que nous avons entendus il y a un mois, lors du premier dimanche de carême ?
C’était « l’arc en ciel » ; lors de l’épisode de Noé, le déluge, dans l’ancien testament :
Dieu conclue une alliance avec l’humanité, par un « arc en ciel » : pour unir, relier, rejoindre le ciel et la terre !
Environ 600 ans avant la naissance de Jésus, le prophète Jérémie, que nous avons entendu tout à l’heure dans la première lecture, annonce que Dieu va conclure une alliance nouvelle : Et Dieu dit : « Je mettrai ma loi au plus profond de leur cœur. Je serai leur Dieu et ils seront mon peuple ».
Cette alliance nouvelle, après celle de l’arc en ciel, va prendre son plein accomplissement dans l’Evangile de Jésus-Christ.
Nous en sommes, ce matin, au chapitre 12 de l’évangile selon St Jean à partir du verset 20.
Quel dommage que la liturgie ne nous ait pas donné juste le passage qui précède : à partir du verset 12.
Vous irez voir dans vos bibles, quand vous serez rentré chez vous :
En fait, c’est ce que nous allons méditer dimanche prochain : L’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem ; Les rameaux !
Et aussitôt après notre passage d’évangile de ce matin, ce sera : le récit du lavement des pieds, l’arrestation de Jésus, sa condamnation, et le chemin de croix.
Vous voyez qu’il faut donc remettre le texte d’aujourd’hui dans le contexte qui précède pour bien comprendre la phrase de Jésus que nous avons entendue dans l’évangile d’aujourd’hui :
« L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié »
Et juste après nous avons entendu cette histoire du grain de blé qui porte beaucoup de fruits.
« Le Fils de l’homme, glorifié »… Cette « gloire » ce n’est vraiment pas de la « gloriole » : de la démonstration de force, de l’étalage, ou de l’arrogance.
Cette « gloire » est un paradoxe : C’est dans sa passion ; dans sa flagellation ; dans le couronnement d’épines ; dans son chemin de croix à travers les rues de Jérusalem ; dans sa mise à mort sur le mont du Golgotha !… que « le Fils de l’homme est glorifié ».
Oui « paradoxe » : Parce que Jésus, qui est à la fois homme-et-Dieu, a prouvé tout au long de son existence qu’il avait un amour infini de la vie, et une horreur infinie de la mort.
C’est dans ce sens qu’il faut comprendre les mots que nous avons entendus :
« Maintenant mon âme est bouleversée. Que vais-je dire ? “Père, sauve-moi de cette heure” ? – Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci ! ».
« Pour cela »… Pour quoi faire ? Pour quelle mission ? : Pour un admirable échange !
Jésus, Dieu, né de Dieu, lumière née de la lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu, engendré non pas créé, et par lui tout a été fait… notre Seigneur Jésus, lui qui n’a fait que le bien tout au long de son existence, va prendre sur son dos : toute la souffrance humaine ; toutes nos inconséquences ; tous nos comportements violents ; nos querelles ; nos guerres ; nos rancœurs ; nos ingratitudes ; et toute l’impiété du monde.
Jésus a pris sur lui – a chargé ses épaules – de notre péché.
Et il va en mourir ! Il va expirer… Non pas seulement en notre faveur, mais à notre place.
Voilà le mystère insondable dans les profondeurs duquel nul ne peut pénétrer.
« Bien qu’il soit le Fils, il apprit par ses souffrances l’obéissance et, conduit à sa perfection, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent la cause du salut éternel. » (Heb 5, 8-9)
Acceptant d’être le grain de blé qui meurt, Jésus accepte d’offrir sa vie… de se détacher de sa vie… de perdre la vie… de mourir.
Admirable échange ! Jésus prend sur lui notre mort…
Et… en échange… il nous offre sa vie, afin que nous ayons la vie. Et la vie en plénitude.
A nous, désormais, de prendre le relai : de devenir « serviteurs de vie » ; serviteurs du Ressuscité ; Serviteurs de celui qui possède en lui les « semences de Vie Eternelle ».