2ème dimanche de Carême

L'Evangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

En ce temps-là,
Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean,
et les emmena, eux seuls, à l’écart sur une haute montagne.
Et il fut transfiguré devant eux.
Ses vêtements devinrent resplendissants,
d’une blancheur telle
que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille.
Élie leur apparut avec Moïse,
et tous deux s’entretenaient avec Jésus.
Pierre alors prend la parole
et dit à Jésus :
« Rabbi, il est bon que nous soyons ici !
Dressons donc trois tentes :
une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. »
De fait, Pierre ne savait que dire,
tant leur frayeur était grande.
Survint une nuée qui les couvrit de son ombre,
et de la nuée une voix se fit entendre :
« Celui-ci
est mon Fils bien-aimé :
écoutez-le ! »
Soudain, regardant tout autour,
ils ne virent plus que Jésus seul avec eux.

Ils descendirent de la montagne,
et Jésus leur ordonna de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu,
avant que le Fils de l’homme
soit ressuscité d’entre les morts.
Et ils restèrent fermement attachés à cette parole,
tout en se demandant entre eux ce que voulait dire :
« ressusciter d’entre les morts ».

– Acclamons la Parole de Dieu.

L'homélie

Le sacrifice d’Isaac… le sacrifice de Jésus.

Cet évangile de la Transfiguration est très connu… Trop connu peut-être. Je me permettrais donc de ne pas le commenter, mais de m’attacher à la première lecture :
La semaine dernière, (vous vous souvenez ?), nous avons ouvert le livre de la Genèse avec l’alliance que Dieu conclue avec l’humanité ; alliance symbolisée par l’arche de Noé et l’arc en ciel…
Aujourd’hui, la première lecture nous permet à nouveau d’ouvrir le livre de la Genèse : ce merveilleux livre qui cherche des réponses à nos questionnements, au sujet du sens à donner à notre existence humaine.
Le problème c’est que le texte d’aujourd’hui est particulièrement difficile à comprendre, dangereux même !
Car, si nous nous trompons, celui-ci peut nous laisser un goût amer au sujet de ce Dieu qui met Abraham à l’épreuve… Et quelle épreuve ! Celle de lui offrir son fils unique en sacrifice !
En effet, il y a deux manières de lire ce texte : la bonne et la mauvaise.
Ne vous en faites pas : moi aussi j’ai tendance à me tromper, en appelant ce texte : « le sacrifice d’Isaac ».
C’est quand même épouvantable, cette image d’un Dieu qui donne cet ordre à Abraham, pour le seul plaisir de voir si Abraham obéira.
Et toujours dans cette même optique épouvantable, on pense que, parce que Abraham s’est bien conduit (parce qu’il a fait ce qui lui était commandé), Dieu lui promet monts et merveilles.
Mais ça, c’est une mauvaise interprétation du texte ! C’est une lecture païenne !
Avec un Dieu qui nous attend au tournant, qui nous récompense et qui nous punit selon son bon vouloir.
La lecture de la foi est toute différente :
Essayons donc de lire ce texte avec les yeux de la foi, en remettant d’abord le texte dans le contexte historique dans lequel il a été écrit :
Nous sommes environ en l’an 700 avant Jésus-Christ, quand ce texte a été écrit. La nation juive de l’époque était entourée de peuples barbares qui pratiquaient les sacrifices humains en vue de se faire bien voir de leurs dieux.
C’est donc la fin de notre texte qui est la plus importante : Dieu va retenir la main d’Abraham ; Dieu ne veut pas la mort d’Isaac !
Notre Dieu est le Dieu de la vie, pas de la mort. Les sacrifices humains sont pour lui une abomination !
Les gens qui ont écrit ce texte veulent donc nous dire que nous avons à changer notre regard sur Dieu, comme Abraham, à l’époque, a été amené à se convertir, grâce à cette épreuve…
C’est un peu comme si Dieu disait à Abraham :
« Quel regard as-tu sur moi, quand je te demande un sacrifice ?Imagines-tu un Dieu qui veut la mort de ton enfant ?… Eh bien, tu te trompes ! Je ne suis pas le dieu des païens : je ne demande pas de sacrifice humain. 
Je n’ai pas oublié ma promesse : C’est par Isaac que ta descendance sera bénie et sera aussi nombreuses que les étoiles du ciel »
Alors, nous, chers amis… en quel Dieu croyons-nous ?
A nouveau : pour ne pas faire d’erreur, il faut bien comprendre le mot « sacrifice ».
Lorsque Dieu dit le mot « sacrifier », il ne dit pas « tuer »… comme si le sang lui faisait plaisir.
Encore une fois, il faut nous rappeler que nous avons un Dieu qui veut que nous soyons vivants.
Dieu a bien dit à Abraham « offre-moi ton fils en sacrifice, en holocauste… »
Mais cela veut dire : « offre-moi sa vie »
cela ne veut pas dire : offre-moi sa mort ! » :
« Fais-le vivre !… Sans jamais oublier que c’est moi qui te l’ai donné, pour ta postérité ».

Désormais, on saura pour toujours que Dieu ne veut jamais la mort de l’homme, sous aucun motif.
C’est ce que dit le psaume : « Il en coûte au Seigneur de voir mourir les siens ! »
Et cela va aller beaucoup plus loin encore : Nous l’avons entendu dans la seconde lecture tirée de la lettre de St Paul aux romains :
Si Dieu a retenu la main d’Abraham il n’a pas retenu pourtant la main des grands prêtres, des scribes, et des soldats.
« Dieu n’a pas épargné son propre fils, mais il l’a livré pour nous tous ».
Mais à nouveau, parce que Dieu est le Dieu de la vie :
« Le Christ Jésus est mort ; bien plus, il est ressuscité. Il est à la droite de Dieu. Il intercède pour nous ».
Admirable échange Jésus nous offre sa vie. Il prend sur lui notre mort.
Et « en échange » il nous renouvelle en nous la vie.
Célébrons donc maintenant l’Eucharistie, cette grande prière d’action de grâce adressée à Dieu le Père :
Offrons à Dieu ce que l’on appelle « le sacrifice d’action de grâce ».
Car, depuis toujours, notre Dieu est source de vie.

 

Père Dominique Lemahieu

Saint André, le 25 février 2024