Toussaint

L'Evangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ces jours-là,
parut un édit de l’empereur Auguste,
ordonnant de recenser toute la terre
– ce premier recensement eut lieu
lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie.
Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville d’origine.
Joseph, lui aussi, monta de Galilée, depuis la ville de Nazareth,
vers la Judée, jusqu’à la ville de David appelée Bethléem.
Il était en effet de la maison et de la lignée de David.
Il venait se faire recenser avec Marie,
qui lui avait été accordée en mariage
et qui était enceinte.

Or, pendant qu’ils étaient là,
le temps où elle devait enfanter fut accompli.
Et elle mit au monde son fils premier-né ;
elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire,
car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune.
Dans la même région, il y avait des bergers
qui vivaient dehors et passaient la nuit dans les champs
pour garder leurs troupeaux.
L’ange du Seigneur se présenta devant eux,
et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière.
Ils furent saisis d’une grande crainte.
Alors l’ange leur dit :
« Ne craignez pas,
car voici que je vous annonce une bonne nouvelle,
qui sera une grande joie pour tout le peuple :
Aujourd’hui, dans la ville de David,
vous est né un Sauveur
qui est le Christ, le Seigneur.
Et voici le signe qui vous est donné :
vous trouverez un nouveau-né
emmailloté et couché dans une mangeoire. »
Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable,
qui louait Dieu en disant :
« Gloire à Dieu au plus haut des cieux,
et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. »

– Acclamons la Parole de Dieu.

L'homélie

Un conte de Noël

Regardez ce que j’ai trouvé…

Une petite boule de plumes : toute ronde, toute douce.

Je crois que c’est un ange qui ne s’est pas encore déployé !

J’ai trouvé ça là : derrière, en sacristie.

Vous souriez, mais reconnaissez qu’il ne serait pas étrange de trouver un nid d’ange dans une sacristie !

J’ai demandé à Jeannette, la responsable, si je pouvais l’emporter. Elle m’a dit oui.

Alors je l’ai emmené chez moi. Je l’ai déposé sous une lampe, au chaud.

Et je me suis dit : Il va peut-être se déployer et prendre son envol.

Vous riez… mais vous n’avez pas envie qu’un ange vienne vous apprendre, comme les bergers de l’évangile, où se trouve la vraie lumière ?

Vous n’avez pas envie qu’un ange vienne vous aider à découvrir ce qui est essentiel ?

Parce que… ça va dans votre vie ? Tout est limpide, lumineux, visible intelligible ? Sûr ? Certain ?

Ah non, pas vous… et pas vous non plus ? Cela me rassure de penser que je ne suis pas le seul à attendre qu’un ange éclaire ma vie !

Parce que, un ange : c’est un porteur de Bonne Nouvelle. Et que nous en avons assez de ces crieurs de mauvaises nouvelles ! Ils font tellement de bruit que la parole de joie ne retentit plus.

J’ai besoin qu’un ange, dans le tintamarre de l’existence, face éclater le silence palpitant de la fête de Noël…

Cette boule de plume que je tiens dans la main… allez… ! ce n’est pas du tout un ange ! Ce n’est qu’une boule de Noël. Juste bonne à être mise sur un sapin.

A vrai dire, il y a bien longtemps que les anges n’ont plus d’ailes et de plumes. Ils sont en jean ou en parka.
Ils mettent des manteaux, des gants et des bonnets. Ils roulent à vélo ou en voiture. Il y en a même qui prennent le métro.

Peut-être que ce soir, dans cette église, nous sommes une légion d’anges.

Ces bergers qui gardaient leur troupeaux atour de Bethléem, c’était des pauvres bougres, des laissés pour compte… mais des hommes éveillés ; des gens sur le qui-vive : défendant les troupeaux des attaques des renards et des loups.

Les bien-pensants les regardaient comme des voleurs, des illettrés, des minables. Infidèles à la Loi.

Cette nuit-là, quelqu’un les a mis en route. Quelques-uns – des anges –, en cette nuit de Noël, les ont remis en marche.

Dans ce monde qui est lourd du poids de ceux qui restent immobiles, les anges nous prêtent leur ailes.

Allez ! finalement, qu’est-ce que nous fêtons ce soir ?

Pas la venue d’un petit bébé joufflu ! La fête de Noël, c’est une fête bien plus grave.

C’est la fête d’un Dieu tombé terre à terre ; d’un Dieu qui s’est approché des hommes : Et ça : c’est bouleversant !

Dieu a tellement aimé le monde, qu’il a donné son Fils, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. Autrement dit : pour que l’homme vive ! Et pour que l’homme soit plus humain.

Pas de marchandage, pas de contrat à signer, et pas de préalable : Dieu que nous fêtons ce soir, ne limite pas ses dons à la mesure de nos mérites. Il n’attend pas de nous que nous soyons en règle. Il n’exige pas que nous soyons devenus parfaits.

La fête de Noël, c’est l’histoire d’un Dieu qui rend visite à un de ses amis à l’hôpital, qui s’approche, et qui lui dit : « tu comptes beaucoup pour moi »

La fête de Noël, c’est l’histoire d’un Dieu qui s’approche des pauvres et qui leur dit : « vous avez du prix à mes yeux ».

La fête de Noël, c’est l’histoire d’un Dieu qui dit à chacun de nous : « Prends soin de tes frères : parce que,
en chacun d’eux, tu peux voir mon visage.

La fête de Noël, c’est l’histoire d’un Dieu qui croit en l’homme, alors que l’homme en vient souvent à douter de Dieu.

La fête de Noël, c’est l’histoire d’un Dieu qui vient nous sauver : c’est-à-dire qui vient nous sortir de nos enfermements et de nos suffisances.

On en a bien besoin, en cette fin d’année 2023, d’être sauvés, ne trouvez-vous pas ?

Qui va dire tout cela ? qui va dire cette Bonne nouvelle d’un Dieu qui a déposé les armes et qui se présente comme un petit enfant ?

Quels seront, pour aujourd’hui, les porteurs de cette Bonne Nouvelle… sinon des anges que nous sommes les uns pour les autres : les porteurs de lumière ; les transmetteurs d’Espérance ; les guetteurs du Jour nouveau ?

Nous devrions être, ce soir, comme les anges : tous empressés de proclamer l’Evangile : « Je viens vous annoncer une Bonne Nouvelle, une grande joie pour tout le monde : Aujourd’hui vous est né un sauveur ! »

Chers amis, j’en suis convaincu… Je vous l’assure : l’humanité a un avenir !

Et cela, il faut qu’on le dise. Et qu’on rende gloire à Dieu de nous aider à y croire…

D’après un conte du Père Raphaël Buise : « Bonsoir mon ange » -Lueurs de Noël- éditions Salvator 2018.

Père Dominique Lemahieu