Toussaint
L'Evangile
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là,
voyant les foules, Jésus gravit la montagne.
Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui.
Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait.
Il disait :
« Heureux les pauvres de cœur,
car le royaume des Cieux est à eux.
Heureux ceux qui pleurent,
car ils seront consolés.
Heureux les doux,
car ils recevront la terre en héritage.
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice,
car ils seront rassasiés.
Heureux les miséricordieux,
car ils obtiendront miséricorde.
Heureux les cœurs purs,
car ils verront Dieu.
Heureux les artisans de paix,
car ils seront appelés fils de Dieu.
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice,
car le royaume des Cieux est à eux.
Heureux êtes-vous si l’on vous insulte,
si l’on vous persécute
et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous,
à cause de moi.
Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse,
car votre récompense est grande dans les cieux ! »
– Acclamons la Parole de Dieu.
L'homélie
La Toussaint
Un homme me disait : « La Toussaint ! Une fête que je n’aime pas ! », et il ajoutait : « Je l’ai toujours perçue avec des couleurs sombres et tristes. » On parle bien, n’est-ce pas, d’un « temps de Toussaint » !
Je lui rétorquais : « C’est probablement parce que vous confondez la fête des Saints avec le 2 novembre, Journée des défunts ! Pour beaucoup, la Toussaint se réduit à une visite au cimetière. »
Mais mon interlocuteur réagit : « Non, pas du tout ! Je sais bien que la Toussaint est la fête des vivants, non des morts. Mais ce qui me rend triste, c’est de me sentir tellement loin de l’idéal de sainteté que Dieu veut pour moi. Je patauge dans la médiocrité, je retombe toujours dans les mêmes ornières. »
Et bien je lui ai répondu : « Je vous comprend tout à fait :
« Il n’y a qu’une tristesse, celle de n’être pas des saints ! »
Mais alors… pour ne pas tomber dans la désespérance, je vous propose trois affirmations :
1- La première : Ce que nous célébrons en ce jour, ce ne sont pas d’abord les saints, mais Dieu lui-même. Car Dieu seul est saint : il est le trois fois saint, comme nous le chantons à chaque messe :
« Saint, Saint, Saint, le Seigneur : Dieu de l’univers »
Pour être saint, comme Dieu est saint, c’est donc impossible… Sauf… si c’est une volonté de Dieu pour chacun de nous.
La sainteté n’est donc pas le résultat d’un effort, d’un exploit.
Elle n’est pas le fruit de nos mérites, mais bien plutôt une réponse à la sainteté de Dieu et son amour pour nous.
2- La deuxième affirmation concerne le nombre des élus.
Il y a d’abord les 144 000. C’est un chiffre symbolique : les 12 tribus d’Israël élevé à la puissance au carré, et encore multiplié par 1000.
Et puis ces 144 000 ont portés du fruit Rappelez-vous ce que disait l’Apocalypse : « J’ai vu une foule immense que nul ne pouvait dénombrer. Une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues. »
Le Seigneur ne fait pas les choses à moitié. Il n’est pas le Dieu d’une petite élite. Il est générosité surabondante qui comble au-delà de ce que nous pouvons imaginer ou même espérer.
Et il y aura de fameuses surprises dans le Royaume. Ceux qui se croyaient les premiers seront peut-être les derniers. Alors que ceux et celles que l’on considérait comme derniers, ou même, selon nos catégories morales ou religieuses, que l’on estimait exclus, seront peut-être les premiers dans le Royaume.
Pensez à ces saints dont les évangiles nous parlent : Jamais nous n’aurions pu les imaginer entrer dans la foule des saint : Marie-Madeleine (de laquelle Jésus a chassé 7 démons), Zachée (tricheur et exploiteur), et le Bon Larron, (en réalité, bandit de grand chemin et meurtrier), et tant d’autres.
3- La troisième affirmation c’est que, si nous ne devons jamais juger les autres, nous n’avons pas, non plus, à porter un jugement sur nous-mêmes.
Parce que, comme le dit encore St Jean « Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté ».
Autrement dit : « nous ne savons pas vraiment ce que nous sommes. » Et cependant « nous sommes déjà enfants de Dieu. » Déjà enfants du Père, déjà frères du Christ et membres de son corps, déjà animés par l’Esprit-Saint !
Nous souffrons souvent, je pense, de l’étroitesse ou de la médiocrité de nos existences. Nous souffrons de nos incapacités à aimer et à prier. Mais que cela ne nous décourage pas ! « Si notre cœur nous condamne, Dieu est plus grand que notre cœur et il connaît tout. » Voilà pourquoi, en nous appelant à devenir des saints – c’est notre identité, c’est notre vocation ! – le Seigneur ne nous impose pas une mission impossible. C’est Lui qui réalise cela en nous par son Esprit-Saint. Il n’attend de notre part que notre consentement… non pas notre perfection ! Le consentement de l’enfant qui se sait faible, inconstant, pécheur, mais qui compte éperdument sur l’amour de son Père. Miracle de la tendresse de Dieu !… Nous valons infiniment plus que ce que nous faisons ou imaginons.
Oui, chers amis, en ce jour de Toussaint, c’est l’espérance qui m’anime : Bienvenus, si vous le souhaitez vraiment, bienvenus dans la cohorte innombrable : dans cette foule immense de tous les saints.