26ème dimanche du Temps Ordinaire

L'Evangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là,
Jésus disait aux grands prêtres et aux anciens du peuple :
    « Quel est votre avis ?
Un homme avait deux fils.
Il vint trouver le premier et lui dit :
‘Mon enfant, va travailler aujourd’hui à la vigne.’
    Celui-ci répondit : ‘Je ne veux pas.’
Mais ensuite, s’étant repenti, il y alla.
    Puis le père alla trouver le second et lui parla de la même manière.
Celui-ci répondit : ‘Oui, Seigneur !’
et il n’y alla pas.
    Lequel des deux a fait la volonté du père ? »
Ils lui répondent :
« Le premier. »

Jésus leur dit :
« Amen, je vous le déclare :
les publicains et les prostituées
vous précèdent dans le royaume de Dieu.
    Car Jean le Baptiste est venu à vous sur le chemin de la justice,
et vous n’avez pas cru à sa parole ;
mais les publicains et les prostituées y ont cru.
Tandis que vous, après avoir vu cela,
vous ne vous êtes même pas repentis plus tard
pour croire à sa parole. »

    – Acclamons la Parole de Dieu.

L'homélie

Va travailler à la vigne…

Cet été, je suis allé en vacances en Alsace, et peut-être que,
si vous me connaissez bien,
vous vous doutez surement que je suis allé visiter la route des vins.
Eh bien je peux vous dire que si il y a beaucoup de vignes en Alsace, il y en a une énorme diversité : les principaux cépages sont :

  •  Le Sylvaner.
  • Le Pinot blanc et l’Auxerrois.
  • Le Muscat.
  • Le Riesling.
  • Le Pinot gris.
  • Le Gewurztraminer.
  •  Le Pinot noir.


« Mon enfant : va travailler aujourd’hui à ma vigne »…
oui, mais… quelle vigne ?
En Alsace ils parlent de « domaines viticoles ».
Ils n’utilisent pas le terme de « château » comme dans le bordelais.
Nous avons vu quelques domaines d’investissement donnant de bons fruits
dans nos paroisses :
Chorale ; sacristains ; Préparation aux baptêmes ; Préparations aux mariages ;
EAP ; Accueil ; Conseil économique ; funérailles ; ménage et entretien de l’église ;
Communication ; Service évangélique des malades ; migrants… Vous voyez :
Il y a de nombreuses vignes, et cépages différents dans notre paroisse.
Nous avons une belle paroisse. J’en suis persuadé.
Elle est vivante et dynamique.
Il y règne une bonne ambiance et chacun est heureux de s’y retrouver
et d’être vigilants à ce que de bons fruits pastoraux puissent y être récoltés.
Néanmoins, en tant que curé, j’y vois aussi quelques points sur lesquels nous
pourrions nous améliorer.
A Rome, en ce moment, s’ouvre une première rencontre des évêques du monde
entier sur la synodalité dans l’Eglise catholique.
Nous y avions déjà réfléchi l’année dernière.
Les conclusions qui sont remontées au Vatican
montrent un besoin de prise de décision au plus près de l’activité pastorale :
tous, chacun d’entre nous doit se sentir responsable
afin d’être de « fervents disciples missionnaires ».

Je souhaite que chacun puisse accomplir un effort supplémentaire
pour que notre paroisse soit encore davantage signe concret de l’amour de Dieu
pour le monde entier.
Et pour cela, il faut commencer par nous-mêmes :
Que le monde puisse contempler l’amour et la bienveillance qui nous unit entre
nous.
« Voyez comme ils s’aiment » disait Jésus au chapitre 13 de l’évangile selon
saint Jean.
Ce témoignage de l’amour et de la bienveillance qui réside entre nous,
doit commencer, me semble-t-il par davantage de communication :
Ceci à commencer par le fait de s’intéresser à ce que les autres vivent
dans d’autres domaines paroissiaux que celui dans lequel nous sommes investis.
Comment pourrions-nous davantage passer le relai de l’évangélisation que
nous commencée nous même dans notre domaine particulier ?
Pour illustrer cela, je prendrai le domaine de la catéchèse pour les jeunes.
Il y a 4 domaines pour cette vigne paroissiale : les enfants en âge scolaire ;
les collégiens ; les lycéens ; les universités.
Si, – j’en suis persuadé – , chacun fait le mieux possible dans son domaine
particulier, j’aimerais qu’il y ait davantage de passage de relais :
que les scolaires puissent s’intéresser à la pastorale développée dans les
collèges afin de poursuivre la mission commencée.
Puis : que les collèges passent le relai aux lycées ;
et enfin eux-mêmes s’intéresseront à ce que vivent les anciens lycéens devenus
étudiants.
Autre exemple : La préparation aux sacrements.
Il y a un « avant » ; un « pendant » ; et un « après ».
« Avant » le sacrement, je constate que chacun développe une magnifique
énergie pour préparer les baptêmes, les eucharisties, et les mariages.
« Pendant » : Chacun fait de son mieux, entre sacristains, ménage, chorale, et
célébrants pour édifier une célébration la plus proche possible aux besoins de
ceux qui en bénéficient.
Mais « après »… ? Comment nous préoccupons-nous du suivi de ceux qui ont
été baptisés, de ceux qui ont été mariés, de ceux que nous avons consolés lors
d’une célébration de funérailles ? Nous attachons-nous par exemple à passer le
relai aux groupes de prières, au catéchuménat, ou à leur proposer de s’investir
dans l’accueil des migrants ?

Lorsque j’étais au séminaire, mon professeur d’ecclésiologie utilisait une image :
Les membres bénévoles des services paroissiaux, disait-il,
sont comparables à des poissons qu’on aurait plongés dans des bocaux :
chacun bien en sécurité, mais chacun isolés dans leur domaine particulier.
Chacun se contemple à travers la paroi de son bocal. Chacun se trouve beau.
Mais cela fonctionne en vase clos.
Personne ne réussit à communiquer vraiment.
Le travail du curé et de l’EAP consiste donc
à sortir chaque paroissien de « son bocal » pour les mettre dans un aquarium
afin de nager ensemble et d’avoir une action commune
pour porter tous ensembles l’évangile.
C’est, avec d’autres mots ce que nous avons entendu dans la seconde lecture
tirée de la lettre de Saint Paul aux Philippiens.
« Pour que ma joie soit complète, ayez les mêmes dispositions, le même amour,
les mêmes sentiments. Que chacun de vous ne soit pas préoccupé de ses
propres intérêts ; pensez aussi à ceux des autres ».
Dernière méditation pour cette homélie de rentrée qui, vous le constatez :
plus qu’une homélie est plutôt une analyse en vue de construire ensemble un
projet pastoral paroissial :
« Mon enfant : va travailler aujourd’hui à ma vigne »…
Aujourd’hui… d’accord… mais demain ?
Ne sommes nous pas parfois enfermés dans un domaine d’activités depuis très
longtemps ?
Il serait bon que chacun puisse s’investir dans un service paroissial
pour une durée limitée : 4 ans par exemple.
Puis, au bout de 4 ans, non pas s’arrêter et ne plus rien faire :
mais sauter dans un autre aquarium.
Qui d’entre vous, par exemple pourrait sauter du domaine des préparations au
mariage, pour entrer en EAP pour un mandat de 4 ans ?
Et inversement ! pour ne pas démunir le domaine que l’on quitte… !

J’ai parfois l’impression que nous ne trouvons pas de nouveaux membres à nos
équipes par excès de confort : parce que l’on se sent bien entre nous.
Ou bien, inversement : nous ne trouvons pas de nouveaux membres
parce qu’il n’y a semble-t-il pas de relève.
Alors : je sers les dents, et je reste par contrainte pour aider dans le domaine
d’activité qui est le mien depuis plus de 10 ans.
Un autre exemple pour illustrer cela :
Il m’est arrivé une fois, dans une autre paroisse, d’avoir sollicité une dame à
faire le catéchisme. Cette dernière s’est exclamée :
« Enfin, monsieur l’abbé ! Ça fait 15 ans que j’attends qu’on me le demande ! ».
N’attendez pas qu’on vienne vous chercher. Proposez-vous spontanément,
ou changez d’activité tous les 4 ans,
tout en restant fidèles au bénévolat dans la paroisse.
Tout à l’heure, dans un instant,
après l’eucharistie que nous allons maintenant célébrer ensemble,
il y aura « l’apéro du curé ».
Profitons de l’occasion pour nous intéresser à ce que vivent chacun, chacune au
sein de notre communauté paroissiale. Bavardons, ne restons pas entre nous
confortablement entre amis : en vase clos. Echangeons avec ceux avec qui nous
n’avons pas l’habitude de parler…
Oui : nous avons une belle paroisse.
Le Seigneur nous demande de la rendre encore plus belle
afin qu’elle soit un outil efficace dans sa main à lui, qui est source de toute vie.
C’est de lui que vient de qui vient tout don sacré.
« Mon enfant : va travailler aujourd’hui à ma vigne ! ».
Pour la gloire de Dieu et le salut du monde.

Père Dominique Lemahieu