6ème dimanche du Temps Ordinaire

L'Evangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là,
    Jésus descendit de la montagne avec les Douze
et s’arrêta sur un terrain plat.
Il y avait là un grand nombre de ses disciples,
et une grande multitude de gens
venus de toute la Judée, de Jérusalem,
et du littoral de Tyr et de Sidon.

Et Jésus, levant les yeux sur ses disciples, déclara :
« Heureux, vous les pauvres,
car le royaume de Dieu est à vous.
    Heureux, vous qui avez faim maintenant,
car vous serez rassasiés.
Heureux, vous qui pleurez maintenant,
car vous rirez.
    Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent
et vous excluent,
quand ils insultent
et rejettent votre nom comme méprisable,
à cause du Fils de l’homme.
        Ce jour-là, réjouissez-vous, tressaillez de joie,
car alors votre récompense est grande dans le ciel ;
c’est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les prophètes.

    Mais quel malheur pour vous, les riches,
car vous avez votre consolation !
    Quel malheur pour vous qui êtes repus maintenant,
car vous aurez faim !
Quel malheur pour vous qui riez maintenant,
car vous serez dans le deuil et vous pleurerez !
    Quel malheur pour vous lorsque tous les hommes disent du bien de vous !
C’est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les faux prophètes. »

    – Acclamons la Parole de Dieu.

Lc 6, 17.20-26

L'homélie

« Heureux, vous les pauvres, car le royaume de Dieu est à vous. »

En préparant cette homélie, je me suis demandé si, dans un certain sens, cette béatitude selon St Luc, ne concernait pas notre église occidentale. Depuis 50 ans, les statistiques sont incontestables : il y a un appauvrissement de nos communautés chrétiennes :

Moins de pratiquant de nos liturgies du dimanche ; moins d’enfants au catéchisme ; moins de jeunes pour la profession de foi ; et aussi : moins de prêtres. Le diocèse de Lille compte 180 prêtres, mais seulement 21 de moins de 50 ans.

J’insisterai sur l’apparente pauvreté chrétienne actuelle…

Et, comme le dit St Luc : c’est tant mieux ! Car cette pauvreté nous pousse à des renouvellements. Et ces besoins de renouvellements nous provoquent à l’Espérance, dont c’est le thème en cette année jubilaire.

J’en ai aperçu 3 : Renouvellement de la pastorale ; renouvellement de la spiritualité ; renouvellement de notre position sociale.

1) La pauvreté chrétienne nous pousse à un renouvellement de notre pastorale.

Il y a quelques années, ou quelques siècles : 99% des français étaient chrétiens. Nos églises étaient pleines. Rien que pour Wambrechies, il y avait un curé et 3 vicaires. Tous les wambrecitains ou presque, étaient baptisés dès les premiers jours de leur naissance. Et aucun enfant de nos écoles ne manquait le catéchisme.

Il y avait un risque à cela : c’était que l’Eglise devienne une institution dont on reproduisait les schémas d’années en années.

Ce n’est plus le cas. Et c’est tant mieux : Nous ne pouvons plus nous crisper sur le passé. De nos jours, nous sommes obligés de trouver de nouveaux chemins pour proposer l’Evangile, cette bonne nouvelle à annoncer à nos contemporains. Nous sommes convoqués à construire une pastorale de l’invention : invention risquée, mais passionnante. Ces dernières années, nous avons insisté sur la convivialité. Trois diacres permanents ont été ordonnés… et surtout nous avons inventé une paroisse davantage basée sur les Laïcs et la participation de tous.

2) La pauvreté chrétienne nous pousse à un renouvellement de notre spiritualité.

Je m’étonne que ce mot soit utilisé à tous les domaines : une spiritualité de l’engagement citoyen ; une spiritualité de l’humanisme ; une spiritualité du bien-être.

La pauvreté chrétienne nous pousse à retrouver le vrai sens du mot « spiritualité ». Le mot vient de l’anglais « Spirit » : l’Esprit… et pour nous : L’Esprit Saint.

Autrefois l’institution Eglise était toute puissante. Elle était même représentée dans les hautes sphères du pouvoir royal : souvenons-nous du cardinal Mazarin ou du cardinal Richelieu. Souvenons-nous du Tiers-Etat. L’Eglise était puissante par et pour son propre compte.

Aujourd’hui, l’Eglise institution a perdu de son pouvoir. Et c’est tant mieux ! Nous sommes convoqués désormais à faire confiance. A s’en remettre à la seule toute puissance de Dieu. Nous l’avons entendu dans la première lecture, tirée du livre de Jérémie : « Maudit soit l’homme qui met sa foi dans un mortel, qui s’appuie sur un être de chair ». Mais… « Béni soit l’homme qui met sa foi dans le Seigneur. Si survient une année de sécheresse : il est sans inquiétude. Il ne manque pas de porter du fruit »

3) La pauvreté chrétienne nous pousse à une nouvelle position sociale.

Je parlais récemment avec monsieur le maire de la fin des travaux. Il m’a informé que, malgré le geste généreux d’un donateur anonyme, ce ne serait pas pour tout de suite. Cela se fera… mais la priorité sera donnée à la salle de sport. Tout simplement parce que le taux d’occupation des locaux n’est pas le même. Il y a beaucoup plus de monde qui fréquente la salle de sport que de monde qui fréquente l’église.

Je me suis permis de lui rappeler quand même qu’il n’y avait pas que la messe dominicale, mais que nous accueillions tous les jours des visiteurs, qu’il y a de nombreuses célébrations de funérailles, des baptêmes et des mariages… C’est un fait : l’Eglise, dans notre société n’est plus rien… en tous cas : pas grand-chose. Elle ne peut donc plus rester sur son piédestal, sur sa position dominante, voir arrogante et moralisatrice comme autrefois. Et c’est tant mieux ! Nous sommes convoqués désormais à en revenir à l’essentiel du message de Jésus-Christ : « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Il nous faut donc retrouver le chemin de l’humilité et du service de nos frères et sœurs humains, en leur apportant un message d’Espérance : la mort n’aura jamais le dernier mot. C’est à la vie que nous sommes invités. C’est désormais de notre responsabilité que d’édifier un monde nouveau, une société nouvelle : en prenant le parti de la justice, de la fraternité et de l’Amour »

Heureuse pauvreté chrétienne qui finalement nous pousse, nous chrétiens, à vivre l’Evangile.

Père Dominique Lemahieu

Wambrechies , le 16 février 2025