Solennité de la Toussaint

L'Evangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là,
    voyant les foules, Jésus gravit la montagne.
Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui.
    Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait.
Il disait :
    « Heureux les pauvres de cœur,
car le royaume des Cieux est à eux.
    Heureux ceux qui pleurent,
car ils seront consolés.
    Heureux les doux,
car ils recevront la terre en héritage.
    Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice,
car ils seront rassasiés.
    Heureux les miséricordieux,
car ils obtiendront miséricorde.
    Heureux les cœurs purs,
car ils verront Dieu.
    Heureux les artisans de paix,
car ils seront appelés fils de Dieu.
    Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice,
car le royaume des Cieux est à eux.
    Heureux êtes-vous si l’on vous insulte,
si l’on vous persécute
et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous,
à cause de moi.
    Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse,
car votre récompense est grande dans les cieux ! »

    – Acclamons la Parole de Dieu.

Mt5, 1-12a

L'homélie

Toussaint

Vous souvenez-vous de cette chanson de Fabienne Thibaut ?

Stone, le monde est stone ; je cherche le soleil au milieu de la nuit ;

Laissez-moi me débattre ; ne venez pas me secourir ; venez plutôt m’abattre pour m’empêcher de souffrir.

J’ai la tête qui éclate j’voudrais seulement dormir m’étendre sur l’asphalte et me laisser mourirˮ

Elle exprime ce que ressentent bon nombre de personnes aujourd’hui.

Le monde semble dur comme la pierre, inquiétant, déraisonnable… !

Du coup, un sentiment de peur nous envahit : cette peur de l’avenir, cette peur des crises : Crise géopolitique, crise écologique, climatique, sanitaire, et sociale avec son lot de violence, de solitude, et de résignation…

Dans cette atmosphère délétère dont la morosité est amplifiée par le cynisme des campagnes électorales (que ce soit en France, en Europe ou aux Etats-Unis), l’avenir paraît sombre, inquiétant pour beaucoup, sans compter nos épreuves et nos difficultés du quotidien (telles que le deuil, le chômage, ou les difficultés familiales…)  

Où trouver le soleil au milieu de la nuit ?

Dans l’inquiétude qui pourrait être la nôtre nous pourrions aussi nous réfugier dans la désespérance, dans la nostalgie ou les regrets.

Il est alors heureux que les chrétiens proposent cette fête d’aujourd’hui :

En célébrant la Toussaint, nous croyons que le Royaume de Dieu est déjà une réalité pour aujourd’hui.

La Toussaint, est la lumière que nous cherchons au milieu de la nuit et qui resplendit dans les ténèbres.

En effet, en fêtant les saints du Ciel qui nous précèdent dans la gloire de Dieu, foule immense de toutes nations, tribus, peuples et langues : nous fêtons notre avenir.

Nous nous rappelons que nous avons un avenir… que Dieu nous donne un avenir !

Nous nous rappelons que nous sommes en pèlerinage, aujourd’hui et tout au long de notre vie, pour accueillir le royaume de Dieu.

Au milieu des combats, des épreuves et des doutes qui jalonnent nos existences nous nous rappelons que notre vie a un sens : Qu’elle ne s’arrête pas avec la mort, mais qu’elle est portée par une grande espérance.

La Toussaint nous montre que c’est l’amour qui a le dernier mot sur le mal et la mort

Chers amis, croyons-nous vraiment que les plus grands bonheurs, les plus belles joies de notre vie sont devant nous ? Quel que soit notre âge, quelles que soient nos réussites ou nos échecs, nos épreuves ou nos blessures,
nos plus grands bonheurs sont devant nous.

C’est le cœur de l’espérance chrétienne : Le Christ est mort et ressuscité pour donner du sens à notre existence.

Les plus grandes joies de notre vie ne sont pas derrière nous, mais devant nous.

Cette fête de la Toussaint, c’est aussi l’occasion avec le jour des morts que nous célébrerons demain, 2 novembre, de prier pour nos défunts, pour tous les défunts.

Alors que certains pensent que la mort est la fin définitive de notre existence et qu’avec la mort c’est le néant qui nous attend ;

alors que d’autres acceptent la réincarnation comme un cercle infernal de toujours recommencer et de ne jamais y arriver ;

nous : nous croyons que, dès aujourd’hui, il nous est possible de vivre les béatitudes proposées par Jésus.

Il les a vécues en plénitude. Et les saints que nous fêtons les ont vécues, à leur mesure, eux aussi.

Heureux les pauvres de cœur ! heureux ceux qui pleurent, heureux les doux

Les saints ont été des vivants et non des « morts vivants » de la fête d’hier : celle d’Halloween.

En contemplant les saints, nous nous rappelons que nous sommes appelés à plus grand, à sortir de nos léthargies et à vivre le Royaume de Dieu, chaque jour : là où nous vivons.

Nous avons une grande famille qui nous attend. Un royaume est prêt. Il ne s’agit pas de s’en emparer.
Il n’est pas à acheter ou à conquérir, à prendre…. il s’agit de l’accueillir avec un cœur de pauvre.

« heureux les pauvres de cœur ! »

La fête de la Toussaint, c’est accepter que Jésus lui-même vienne guérir notre cœur.

Qu’il change notre cœur de pierre (« stone ») en cœur de chair. Un cœur bien vivant : hier, aujourd’hui et demain.

Oui, Seigneur Jésus : Aujourd’hui, en cette fête de la Toussaint : viens guérir notre cœur.

Car, Seigneur : Je ne suis pas digne de te recevoir mais dis seulement une parole et je serai guéri.

Père Dominique Lemahieu

Wambrechies , le 1er novembre 2024