21ème Dimanche du Temps Ordinaire

L'Evangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

En ce temps-là,
Jésus avait donné un enseignement 
dans la synagogue de Capharnaüm.
    Beaucoup de ses disciples, qui avaient entendu, déclarèrent : 
« Cette parole est rude ! 
Qui peut l’entendre ? » 
    Jésus savait en lui-même 
que ses disciples récriminaient à son sujet. 
Il leur dit : 
« Cela vous scandalise ? 
    Et quand vous verrez le Fils de l’homme 
monter là où il était auparavant !… 
    C’est l’esprit qui fait vivre, 
la chair n’est capable de rien. 
Les paroles que je vous ai dites sont esprit 
et elles sont vie. 
    Mais il y en a parmi vous qui ne croient pas. » 
Jésus savait en effet depuis le commencement 
quels étaient ceux qui ne croyaient pas, 
et qui était celui qui le livrerait. 
    Il ajouta : 
« Voilà pourquoi je vous ai dit 
que personne ne peut venir à moi 
si cela ne lui est pas donné par le Père. » 

    À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent 
et cessèrent de l’accompagner. 
    Alors Jésus dit aux Douze : 
« Voulez-vous partir, vous aussi ? » 
    Simon-Pierre lui répondit : 
« Seigneur, à qui irions-nous ? 
Tu as les paroles de la vie éternelle. 
    Quant à nous, nous croyons, 
et nous savons que tu es le Saint de Dieu. »

    – Acclamons la Parole de Dieu.

Jn  6, 60-69

L'homélie

Une Eglise libre et volontaire

Nous terminons aujourd’hui la lecture du chapitre 6 de l’évangile de Saint Jean sur le thème du pain de vie.
Dimanche prochain nous reviendrons à l’évangile selon St Marc.
Et puis… voilà le mois de septembre qui approche. C’est bientôt la rentrée des classes.
Nos différentes activités paroissiales vont, elles aussi redémarrer.
Tout cela me donne l’occasion de me réjouir : non pas parce que les vacances sont bientôt terminées,
mais par l’admirable élan de Saint Pierre qui répond sans hésiter à Jésus : « Seigneur, à qui irions-nous  ? 
Tu as les paroles de la vie éternelle. »
Oui, malgré ses difficultés que vit notre Eglise actuelle, j’ose me réjouir : Quelle est belle notre communauté de
croyants d’aujourd’hui !
Autrefois, dans notre pays, nos parents ou grands-parents avaient la foi par héritage culturel.
Plus de 90% de la population française allait à la messe le dimanche.
Nos aïeux avaient la foi parce qu’ils étaient portés à faire comme tout le monde, dans une culture ambiante,
un héritage familial, et un milieu social où la question ne se posait même pas.
Oui, elle est belle notre Eglise parce que, aujourd’hui la foi chrétienne est une réponse libre à un appel intérieur.
C’est vrai pour chacun d’entre nous ici présent. Mais je crois que c’est vrai aussi pour nos enfants ou petits enfants
qui ne sont pas présents, parce qu’ils sont devant leur télévision ; ou peut-être même parce que ils n’ont pas voulu venir.
Je crois que la question de Jésus, n’est ni angoissée, ni angoissante.
Elle est une vraie question simple et vraie, sans aucun reproche, mais qui interroge notre liberté :
« Voulez-vous partir, vous aussi ? ».
Le Christ Jésus ressuscité , attend de notre part une réponse vraie et libre, contrainte en rien, et par personne.
A tel point qu’il est possible de refuser de suivre Jésus. Cela nous est peut-être déjà arrivé ? Et je crois vraiment
que Jésus ne nous en veut pas. Puisqu’il nous pose honnêtement à nous aussi la question : « veux-tu partir, toi aussi ? »
C’est vrai qu’il est des jours où c’est l’épreuve, c’est la crise : nous doutons, nous hésitons ; et puis… nous voyons
autour de nous des gens douter, hésiter… s’en aller… à cause d’un malheur qui leur tombe dessus : un deuil,
une maladie, un terrible échec, une grosse déception, ou même « burn out » comme on dit aujourd’hui.
Et j’entends souvent ce reproche fait à Dieu : « Qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu pour qu’il m’arrive
une chose pareille ? Et pourtant, j’ai prié. Mais il ne m’a pas répondu ».
Il faut que nous entendions ces interpellations. Parce qu’elles sont vraies ces personnes qui crient leur désespoir.
Que faut-il faire ? Surtout ne pas leur faire la morale. ça ne sert à rien. Bien au contraire ! Il faut être patient,
comme Dieu est patient avec nous… Un jour, peut-être…un jour, sans doute… Un jour, j’en suis persuadé,
ils se rendront compte que nous sommes habités par une présence qui ne s’est pas imposée à nous,
mais qui s’est proposé délicatement et à qui nous avons répondu : « Seigneur, à qui irions-nous ?
Tu as les paroles de la vie éternelle »
A qui irions-nous, puisque au cœur de l’épreuve je sens Ta Présence, Ta force qui m’aide à tenir debout ;
à ne pas me laisser aller ; à ne pas me laisser écraser… Je sens même Ta Lumière qui m’éclaire, qui donne sens à ma vie.
Et c’est pour cela que je n’abandonne pas le dimanche… Parce que : dans les célébrations religieuse,
je sais que c’est Toi Seigneur et personne d’autre que l’on célèbre. J’y sens ta Présence qui me nourri, me fortifie.
Ainsi, la messe du dimanche, n’est pas une contrainte, un ennui, ni même un devoir. La messe du dimanche
est un rendez-vous d’amour avec Toi, c’est une pause dans la semaine, où on souffle pendant une heure,
et on fait le point ; c’est un moment de réflexion, où nous écoutons la Parole et l’homélie qui fait le lien
entre Ta Parole et notre vie concrète. C’est un moment d’intimité où nous communions à toi et nous te recevons
comme pain vivant ; où nous nous laissons habiter par Toi ; où nous goûtons Ta Paix, Ton Amour, Ta vie.
« Seigneur à qui irions-nous ? Toi seul peux nous combler ainsi de l’intérieur ! »
Oui, malgré ses difficultés actuelle, j’ose me réjouir : Quelle est belle notre Eglise d’aujourd’hui !
Car si nous sommes sans doute moins nombreux qu’avant, beaucoup ont néanmoins répondu à cet appel intérieur.
La Foi nous engage : Cette réponse, libre et vraie de la foi, engage notre présent, notre avenir, et toute notre personnalité.
« A qui irions-nous Seigneur ? Tu as les Paroles de la Vie éternelle »
Oui, nous voulons aller vers Toi, non pas seuls, mais ensemble : en Eglise ; avec tous ceux qui croient en Toi
sincèrement et librement… Avec ceux qui forment l’Eglise d’aujourd’hui.
Quelle est belle notre Eglise d’aujourd’hui, qui se construit autrement qu’autrefois, mais que Ton Esprit, Seigneur,
continue à construire humblement modestement… mais librement et… sûrement !

Père Dominique Lemahieu

Wambrechies , le 25 août 2024