4ème dimanche de Pâques

L'Evangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

En ce temps-là,
Jésus déclara :
« Moi, je suis le bon pasteur, le vrai berger,
qui donne sa vie pour ses brebis.
Le berger mercenaire n’est pas le pasteur,
les brebis ne sont pas à lui :
s’il voit venir le loup,
il abandonne les brebis et s’enfuit ;
le loup s’en empare et les disperse.
Ce berger n’est qu’un mercenaire,
et les brebis ne comptent pas vraiment pour lui.
Moi, je suis le bon pasteur ;
je connais mes brebis,
et mes brebis me connaissent,
comme le Père me connaît,
et que je connais le Père ;
et je donne ma vie pour mes brebis.
J’ai encore d’autres brebis,
qui ne sont pas de cet enclos :
celles-là aussi, il faut que je les conduise.
Elles écouteront ma voix :
il y aura un seul troupeau
et un seul pasteur.
Voici pourquoi le Père m’aime :
parce que je donne ma vie,
pour la recevoir de nouveau.
Nul ne peut me l’enlever :
je la donne de moi-même.
J’ai le pouvoir de la donner,
j’ai aussi le pouvoir de la recevoir de nouveau :
voilà le commandement que j’ai reçu de mon Père. »

– Acclamons la Parole de Dieu.

Jn 10, 11-18

L'homélie

« Dimanche du bon pasteur ».

Tel est le titre de ce 4 ème dimanche de Pâques. Et cela date depuis 1976 :
Initiative lancée par le pape Paul VI, aujourd’hui est une « journée mondiale de prière pour les vocations ».
Depuis quelques années nous avons pris l’habitude de prier pour les formes de vocations diverses dans l’Eglise :
Vocation au mariage, vocation religieuse, diaconale ou sacerdotale… et surtout : vocations de tous les fidèles baptisés.


Notre évêque, le père Le Boulc’h, nous demande cette année d’axer plus particulièrement notre attention sur les vocations sacerdotales. Et il a sans doute raison.
Notre diocèse de Lille a la joie de compter encore de nombreux prêtres : 294.
Mais parmi ces 294 prêtres, 101 ont plus de 75 ans ; 35 sont d’autres nationalités, et 66 ne sont pas incardinés à notre diocèse,
Notre diocèse compte donc 92 prêtres de moins de 75 ans.
92 prêtres pour 396 églises et 298 communes.
Notre Eglise manque donc de prêtres.
Il y a en effet moins de prêtres qu’avant. Ils vieillissent.
Et la relève en nombre de séminaristes en formation est très faible : Ils ne sont que 4 pour les 7 prochaines années.
Ces statistiques pourraient nous lamenter, et nous faire désespérer.
Il ne le faut pas.
Rappelons-nous d’abord, qu’à l’époque de Jésus, ils n’étaient que 12 : les 12 apôtres appelés par Jésus.
Nous sommes donc invités à la foi !
Car il faut creuser plus profondément :
Dans la personne du prêtre, c’est le Christ qui se rend présent aux hommes d’une manière bien particulière.
En chaque prêtre, c’est le Seigneur Jésus lui-même qui parle, qui célèbre et qui agit.
Non pas que le prêtre soit meilleur ou plus saint que vous, mais bien parce que, sans mérite aucun de sa part, il a été appelé à rendre présent le Seigneur Jésus parmi ses frères humains.
Tout comme, au cours de sa vie terrestre, Jésus fit le choix de douze hommes parmi la multitude de ses disciples afin que ceux-ci le suivent de plus près et aient part à sa mission, de même en est-il encore aujourd’hui :
Dans la communauté des baptisés, le Seigneur en appelle quelques-uns à qui Il confie son œuvre d’une manière toute particulière.
Ils ne valent pas mieux que les autres, mais sont différents.
Et l’Église ne peut se passer de prêtres.
Alors… Comment faire pour avoir davantage de prêtres ?…
Le Seigneur nous le dit : « priez ».
Priez le Seigneur Jésus, lui, le seul vrai pasteur, de nous envoyer des hommes capables, comme lui, de donner leur vie pour les brebis d’aujourd’hui, c’est-à-dire : pour la multitude des hommes et des femmes de notre temps.
Mais attention ! Il ne s’agit pas de prier en « claquant des doigts », comme dans la série télévisée « Joséphine ange gardien » : Claquer des doigts pour que tombent du ciel une multitude de nouveaux prêtres.
La prière doit nous transformer nous-mêmes.
Plus encore : la prière doit transformer nos familles. Car il n’y a pas de prêtre qui ne soit d’abord issus d’une famille :
Une famille aimante, une famille croyante, une famille capable d’être heureuse de donner l’un de ses enfants à l’Eglise.
Oh ! Je sais que ce n’est pas simple. Si mes propres parents (mon papa – paix à son âme –, et ma maman) ont été très heureux, il y a tout juste 30 ans de cela : lorsque je leur ai appris que je souhaitais entrer au séminaire, il y a eu aussi chez eux : des craintes et des doutes quant à mon avenir.

Priez donc, chers frères et sœurs, pour que le Seigneur puisse modeler le cœur de votre propre famille afin que surgisse chez l’un de vos enfants le désir de « donner sa vie au Bon Dieu », et de la donner « pour le Bon Dieu ».
Priez aussi, chers amis, pour vos prêtres : priez pour le Père Maxime, pour le Père Dominique Sena. Priez pour les prêtres que vous connaissez…
Priez aussi pour moi-même. J’ai tellement besoin de vos prières… J’en ai tellement besoin !…
Afin que le Seigneur me donne courage et force pour accomplir ma mission après de vous.
Priez-le encore deux fois plus fort : pour qu’Il arrondisse mon tempérament que je sais être, parfois, trop fougueux.
Mais sachez-le : vous qui me connaissez depuis maintenant presque 4 ans que je suis votre curé : s’il m’arrive parfois de m’emporter et de me mettre en colère… c’est parce que je vous aime !
Si je ne vous aimais pas, au point de me faire du souci pour chacun d’entre vous – de me faire du souci pour chacune de vos âmes ! – eh bien je vous serais indifférent. Je serai comme de l’eau : inodore, incolore et sans saveur.
Je vous aime !
Et puisque quelques-uns d’entre vous me donne le titre du « Bon Dieu », en m’appelant : « Père », c’est parce que j’ai à vous aimer chaque toujours d’avantage, comme un père aime ses enfants : Parfois en rouspétant.
Parfois en haussant le ton… mais toujours en souhaitant pour vous le progrès : un progrès qui vous mènera jusqu’à la sainteté !
Oui : je vous aime !
Et je fais un rêve pour chacun d’entre vous. Ce rêve n’est pas une utopie, j’en suis persuadé !
Je fais le rêve qu’un jour : on déploie votre effigie sur la place de la basilique St Pierre de Rome.
Peu importe si j’use ma vie, en déployant toute ma fougue, toute mon énergie, toutes mes colères jusqu’à en mourir ! Pourvu que vous : vous parveniez, jusqu’à la porte du paradis !
Oui ! Telle est ma vocation de prêtre : que je donne ma vie, pour votre sainteté !

Amen !

Père Dominique Lemahieu

Wambrechies , le 21 avril 2024