Toussaint

L'Evangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

    En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples cette parabole :
    « Le royaume des Cieux sera comparable
à dix jeunes filles invitées à des noces,
qui prirent leur lampe
pour sortir à la rencontre de l’époux.
    Cinq d’entre elles étaient insouciantes,
et cinq étaient prévoyantes :
    les insouciantes avaient pris leur lampe sans emporter d’huile,
    tandis que les prévoyantes avaient pris, avec leurs lampes,
des flacons d’huile.
    Comme l’époux tardait,
elles s’assoupirent toutes et s’endormirent.
    Au milieu de la nuit, il y eut un cri :
‘Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre.’
    Alors toutes ces jeunes filles se réveillèrent
et se mirent à préparer leur lampe.
    Les insouciantes demandèrent aux prévoyantes :
‘Donnez-nous de votre huile,
car nos lampes s’éteignent.’
    Les prévoyantes leur répondirent :
‘Jamais cela ne suffira pour nous et pour vous,
allez plutôt chez les marchands vous en acheter.’
    Pendant qu’elles allaient en acheter,
l’époux arriva.
Celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces,
et la porte fut fermée.
    Plus tard, les autres jeunes filles arrivèrent à leur tour et dirent :
‘Seigneur, Seigneur, ouvre-nous !’
    Il leur répondit :
‘Amen, je vous le dis :
je ne vous connais pas.’

    Veillez donc,
car vous ne savez ni le jour ni l’heure. »

    – Acclamons la Parole de Dieu.

L'homélie

La Toussaint

J’ai bien eu du mal à méditer le texte d’Evangile d’aujourd’hui.
A la première lecture il parait évident : Il n’y a pas de mots compliqué. Le récit est simple : Des jeunes filles, un époux et une soirée de mariage. Bon…Mais en y regardant de plus près, cette histoire m’est apparue comme rempli d’incohérences.
10 jeunes filles sont invitées à une noce. Elles s’endorment. Et elles s’endorment toutes : les prévoyantes comme les insouciantes.
5 jeunes filles dites insouciantes n’ont plus d’huile. C’est comme si elles avaient laissé leurs lampes allumées pendant leur sommeil… Et on aurait vite tendance à les exclure du royaume de Dieu.
Pourtant les 10 jeunes filles font toutes parties du Royaume de Dieu : C’est Jésus qui le dit au début de cet évangile :
« Le royaume de Dieu est comparable à dix jeunes filles invitées à des noces ».
Les Jeunes filles prévoyantes ne paraissent pas très généreuses avec les autres. Elles ne veulent pas partager…
C’est curieux : « C’est pas beau. Ce n’est pas très chrétien » ; pourrait-on dire…
Ces 5 jeunes filles prévoyantes qui s’étaient endormies elles-aussi donc, assistent néanmoins à la noce, alors qu’elles n’ont pas réussi à veiller jusqu’à minuit.
Bon… avec toutes ces questions… nous voilà propres !… Comment y répondre ?
La première chose que je voudrais vous dire, c’est que je suis heureux qu’après 2000 ans, on se pose encore plein de questions au sujet de l’évangile, et qu’on ne comprenne pas tout. Si on avait tout compris du message de l’Evangile, si on avait tout compris de la Bible, ça fait longtemps que nous aurions fermé ce livre et que nous l’aurions rangé dans notre bibliothèque, en l’oubliant parmi tous les autres livres.
Si après 2000 ans nous nous posons encore autant de questions au sujet de Jésus, c’est que son message nous interpelle encore aujourd’hui, et que nous avons encore énormément de choses à y découvrir et à bénéficier pour notre vie d’aujourd’hui.
C’est peut-être paradoxal, mais à la fin de notre vie, nous n’aurons pas encore épuisé la richesse de la sagesse contenue dans l’Ecriture Sainte.
Réjouissons-nous donc de ce que la Bible ce soit compliqué à comprendre !…
Néanmoins, pour ne pas en rester là, je vais quand même vous donner le fruit d’une ou deux de mes réflexions au sujet de ce passage.
Soyons logiques et très concrets : Elles ont raison, les jeunes filles prévoyantes ! Si elles avaient partagé avec les autres, ce ne seraient plus les 5 lampes à huile qui se seraient éteintes. Mais bien les dix !
C’est ce qu’elles disent : « Jamais [ce qui nous reste comme huile] suffira pour vous et pour nous ».
Plutôt donc que de quémander l’huile, les insouciantes auraient bien mieux fait de demander à partager la lumière !
Elles auraient donné le peu d’huile qui leur restait pour mettre en commun avec les autres. Et une lampe à huile
pour deux ça aurait sans doute suffit. Ainsi : toutes seraient rentrées dans la salle de noce !
Chers amis, plutôt que de nous évertuer à faire briller nos propres petites existences individuelles en épuisant toute les richesses de la terre, partageons la lumière qui vient de Dieu ! Celle-ci ne s’épuisera jamais !
Deuxième et dernière réflexion… afin vous laisser réfléchir sur les autres questions, et les laisser ouvertes sans chercher à y apporter des réponses toutes faites :
C’est au sujet de la dernière phrase du passage de notre évangile d’aujourd’hui :
Lorsque, comme moi, vous entendez l’expression : « veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure »,
n’interprétez-vous pas cela en vous disant : « veillons, car nous ne savons ni le jour ni l’heure où la mort viendra nous surprendre » ?…
Détrompez-vous ! Il ne s’agit pas de la mort : Celui qui vient nous surprendre et nous apporter sa lumière au milieu de la nuit, c’est l’époux. Ce n’est pas la mort « la faucheuse » comme on l’appelle.
L’époux, lui, il vient nous apporter la vie.
Veillez donc, car vous ne savez pas ni le jour ni l’heure, non pas "où la mort" viendra nous surprendre.
Mais veillez donc car vous ne savez pas ni le jour ni l’heure où la vie viendra vous surprendre !
Oui ! C’est bien la vie à laquelle nous sommes appelés : chacun, chacune.
Veillons, et continuons à nous laisser surprendre, nous laisser émerveiller par la vie.
Et reprenons pour notre propre compte, les paroles de Saint Pierre :
« A qui irions-nous, Seigneur, Tu as les Paroles de la Vie ! » (Jn 6,68)

Père Dominique Lemahieu