entrez dans la contemplation du Christ-Jésus

Nous voici donc entrés dans les trois jours les plus importants de l’année liturgique.

Le maître lave les pieds de ses disciples. Il se met à leur service.

Jésus invite ses disciples à se mettre au service les uns des autres… donc : de la communauté croyante.

Ce geste ne concerne pas le monde entier, mais bien l’attitude que les disciples du Christ doivent avoir à l’égard des autres disciples du Christ : « Vous devez vous laver les pieds les uns aux autres » dit-il.

C’est comme un testament que laisse le Christ avant de mourir.

Ce seront ses dernières paroles. Les prochaines seront celles du Ressuscité pour aller, dans le monde, annoncer la Bonne Nouvelle : celle de la volonté de Dieu le Père, de sauver toute l’humanité.

La démarche de synode que nous avons entreprise le 19 mars dernier, va dans ce sens : Marcher ensemble, disciples du Christ : avec la participation de tous à la mission de l’Eglise.

Avant toute décision qui pourra en résulter, cette démarche synodale consiste d’abord à regarder, et analyser.

Nous voici donc dans le temps de l’écoute et du regard. Ecouter, parler, dialoguer et constater.

Le récit du lavement des pieds que nous venons d’entendre peut nous y aider.

A travers la liturgie que nous allons vivre au cœur de cette semaine sainte, nous sommes invités à admirer,
et ressentir combien, ce qui se passe et va se passer ces prochains jours, est extraordinaire.

Il faut, en effet, commencer par se laisser surprendre : se laisser étonner… encore et toujours !

Sinon, chaque année, Pâques risque de devenir une routine. On connaît l’histoire : on en connaît le début ; on en connaît la fin… Alors on s’émerveille de moins en moins, comme on s’émerveille de moins en moins vis-à-vis de l’Eglise, et de sa capacité à être un outil dans la main de Dieu pour transformer le monde.

Il nous faut retrouver une âme d’enfant, ou plutôt de parent qui s’émerveillent, qui s’inquiètent au moment de la naissance de leur enfant.

Car si Pâques c’est bien sûr : le passage par la mort ; c’est surtout : la naissance à la vie. Nous pouvons donc nous émerveiller de la vie qui est donnée, toujours renouvelée. Mais aussi nous émerveiller de ce que le Christ fait : le repas, le lavement des pieds, le supplice, la croix.

S’émerveiller : c’est se rendre compte que tout n’est pas concentré dans un monde matérialiste.

S’émerveiller, c’est rencontrer le surnaturel, j’oserai dire : l’incroyable.

Les disciples ne comprennent pas que leur maître veuille leur laver les pieds.

Nous ne comprenons pas comment un enfant peut naître. Même si nous en connaissons le mécanisme biologique, la vie, la naissance, l’avènement à l’existence : cela nous dépasse totalement ; c’est incroyable !

C’est important, vous savez : C’est important de se laisser étonner !… C’est important de s’émerveiller et de contempler.

Nous sommes invités ces jours ci à être des regardants, des voyants : voir au-delà de notre nez ; au-delà de nos résistances à suivre le Christ.

Pierre état réticent. Il ne voulait pas qu’on lui lave les pieds. Ce n’est pas un dieu comme celui-là qu’il concevait.

Le bon chemin passe par des renoncements et par un retour à l’essentiel. C’est ce que nous avons tenté de vivre durant le carême, c’est ce que nous tenterons de poursuivre grâce à l’école de prière, à laquelle nous vous proposons de participer chaque mardi soir du mois de mai.

C’est fondamental, car la prière doit déboucher sur des actes : entrer dans la contemplation du Christ Jésus peut réorienter toutes nos attitudes, toutes nos façons de faire, toute notre existence.

La liturgie du lavement des pieds n’est pas un spectacle, mais une prière : un modèle que nous donne le Christ.

Nous avons tous besoin de modèles à contempler : des modèles qui nous disent que c’est possible :

C’est possible d’aimer. Aimer vraiment : c’est à notre portée. C’est à notre mesure.

Mais cela commence par : se laisser faire. Comme 5 d’entre nous ce soir, ont accepté humblement de participer à ce geste.

Ces trois derniers jours, qui nous préparent à vivre Pâques, nous rappellent ainsi que notre valeur ne réside pas tant dans ce que nous faisons, mais d’abord dans ce que nous sommes.

Le Christ au pied de la Croix n’a pas besoin de disciples qui s’affairent… puisqu’ils ne peuvent plus rien faire.
Il a besoin d’amis qui restent auprès de lui dans ces moments difficiles. Voilà la seule chose qui importe pour Jésus, au seuil de cette nuit d’angoisse.

+ Père Dominique Lemahieu, Curé

Saint André, Jeudi Saint 14 avril 2022