5 ème dimanche de carême : La miséricorde face au péché

Comme dimanche dernier, le sujet que nous donnent à méditer les textes d’aujourd’hui, est celui de la miséricorde.
Attachons-nous à l’attitude de Jésus face à la situation de cette « femme pécheresse ».
D’abord, nous pouvons nous étonner : pour commettre un adultère, il faut être deux. Un homme et une femme.
Etrange qu’il n’y ait que la femme devant ses accusateurs.
Etrange procès qui perverti la loi de Moïse : Car selon la Loi de Moïse, la femme et l’homme sont passibles de
la peine de mort. Mais les pharisiens ne traînent que la femme jusqu’à Jésus ! Où donc est passé l’homme avec
lequel cette femme a commis le péché d’adultère ?
En fait, au-delà du procès fait à cette femme, les accusateurs veulent tendre un piège à Jésus.
Qu’aurions-nous fait, si nous avions été à sa place ?
Condamner cette femme ?… et renoncer à sa mission de sauveur de l’humanité ?
Ou bien, inversement, tomber dans le laxisme : « Puisque tout doit être pardonné : Une petite incartade, de temps en temps
dans la fidélité d’un couple, ce ne serait pas si grave que cela ?… »
Jésus ne fais ni l’un ni l’autre. Que fait-il ? « Il se baisse ». Et si on regarde attentivement le texte grec,
Saint Jean utilise une expression étonnante : il se baisse « vers le bas » (… comme si on pouvait faire autrement
que de se baisser vers le bas ! ). Si Saint Jean utilise ce pléonasme c’est pour insister, et bien nous faire comprendre
l’attitude spirituelle de Jésus : Bientôt : il s’abaissera pour se mettre dans la situation d’esclave afin de laver les pieds
de ses disciples lors de la Sainte Cène. Jésus s’abaisse au dessous même du niveau de l’humanité avec un seul objectif :
Pouvoir mieux nous relever. En Jésus, Dieu s’est fait homme pour s’abaisser ; non pour écraser ou pour humilier.
Dieu ne veut pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et qu’il vive ! (Ez 33,11)
« Je veux » Dieu : « Je veux que tu vives ».
Puis, Jésus « écrit sur la terre ». A l’opposé de la loi de Moïse écrite sur la pierre, Jésus, écrit sur la terre.
Il écrit le péché de cette femme sur la terre ou sur le sable. Jésus ne fuit pas. Il ne tombe pas dans le laxisme :
Oui, cette femme a commis un péché. Il le reconnaît et il l’écrit. Mais c’est une nouvelle loi qu’il grave sur la terre :
la loi de la miséricorde. Et par la même occasion : Jésus, grave son pardon dans le cœur de cette femme. Sans
doute s’en souviendra-t-elle pendant tout le reste de son existence.
Puis les accusateurs « s'en allèrent un par un » … « à commencer par les plus âgés » : Petite pointe d’humour de
la part de l’évangéliste St Jean… qui nous renvoie bien à notre expérience personnelle.
Mais peut-être que ce qu’il faut retenir, c’est qu’ils s’en vont… Ils fuient. Ils ne restent pas avec Jésus. Ils ne
pourront donc s’entendre dire, pour eux aussi, la phrase qui va tout changer :
« Personne ne t’a condamnée ?… Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. »
Il ne s’agit pas de condamnation mais de salut !… « Être sauvé »
Pour Dieu, qui a conclue une alliance d’amour définitif avec l’humanité, il y a, au cœur même de notre humanité,
une grandeur et une dignité que le péché ne peut détruire.
Alors, Jésus s’adresse à cette femme avec un profond respect : Il s’adresse à elle comme il s’adressera à sa maman,
Marie, lorsqu’il sera sur la Croix : « Femme », signe suprême de la miséricorde de Dieu.
Pour apprendre cette miséricorde, nous devons regarder le Christ avec des yeux pleins de reconnaissance.
Comme ce fut le cas pour cette femme, Jésus dit à chacun de nous : « Moi non plus je ne te condamne pas. Va,
et désormais ne pèche plus.».
Chers amis, le regard pur du Christ, ce matin, peut croiser le nôtre.
Jésus ne sait regarder qu’une seule chose : la beauté.
Laissons le Christ s’abaisser « vers le bas » pour voir la beauté originelle de notre âme, une âme pourtant noircie
par le péché.
Chacun d’entre nous peut avoir le regard purifié par la miséricorde du Seigneur.
Chacun d’entre nous, s’il le désire vraiment, peut voir le ciel.
La lumière des yeux du Christ se reflètera alors dans les nôtres.
Alors, nos yeux seront totalement purs et reconnaissants.

+ Père Dominique Lemahieu, Curé

Marquette, dimanche 3 avril 2022