8ème dimanche du Temps Ordinaire - Année C

Ouvrons-nous à la lumière et à la bonté !

Voilà un évangile qui est dangereux !
Oui… J’ose le dire le passage que nous venons de lire est dangereux.
Il est dangereux, parce que nous pourrions l’utiliser pour « plaquer » l’actualité de cette semaine à ce que nous
venons de lire. Autrement dit : il y a les méchants d’un côté (Poutine ?) et les gentils de l’autre (le peuple opprimé).
Car si l’Evangile nous annonce « un règne » de justice, d’amour et de paix, l’évangile, ce n’est pas un livre fait
pour nous taper sur la tête, et nous faire la morale !
Alors… comment comprendre et quoi retenir ? Eh bien : cessons de regarder les ténèbres et ouvrons-nous à la lumière !
D’abord, constatons que Jésus nous raconte trois petites histoires destinées à nous faire comprendre comment
nous convertir pour accueillir ce fameux « règne de Dieu ».
1° deux aveugles.
« Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ? Ne vont-ils pas tomber tous les deux dans un trou ? ».
La première leçon de cette petite parabole est donc une invitation à ne pas suivre n’importe qui : celui qui parle le mieux ;
celui qui est le plus fort ; celui qui veut nous séduire parce qu’il promet de répondre à tous nos désirs.
Bien souvent ceux-là veulent nous aveugler avec de la poudre aux yeux, ou avec des mensonges !
Qui allons-nous suivre ?… Le pouvoir ? La séduction du monde ? La première place à tous prix ? La guerre ?
Ou bien, allons-nous suivre celui qui seul peut nous donner le vrai bonheur ; Lui qui est la lumière du monde : Jésus.
Si nous le suivons Lui et lui seul, il pourra nous montrer le chemin qui nous conduit vers le Père de toutes béatitudes.
Si nous le suivons, il sera lui-même notre chemin, car « celui qui me suit, dit Jésus ne marchera pas dans les ténèbres,
mais il aura la lumière de la vie ».
2° la poutre et la paille.
Nous avons tous tendance à minimiser nos travers et à grossir les travers des autres. La nature humaine est faite ainsi.
Oh là… ! Attention de ne pas retomber dans le travers moralisateur et culpabilisant que je dénonçais tout à l’heure… !
Bien sûr, il ne faut pas être candide : le monde n’est pas parfait. L’actualité de cette semaine nous le fait bien sentir.
Pourtant, cette seconde petite histoire nous invite à orienter notre regard vers la lumière, plutôt que de s’enfoncer
dans les ténèbres. Cette attitude de s’ouvrir à la lumière, Jésus lui a donné un nom : celui de « miséricorde ».
« Soyez miséricordieux comme votre père est miséricordieux ».
La miséricorde consiste à adopter l’attitude de la bonté du Père, qui ne veut d’abord regarder que ce qui est
positif dans la vie de ses enfants.
Et, s’il y a parfois, – sans doute –, des aspects déviants dans leur vie, il ne va pas commencer par leur taper sur la tête !
Il va les inviter à faire grandir le bien, et rejeter le mal.
Voilà : l’image de la paille et de la poutre, consiste à essayer de regarder d’abord ce qui est bien, ce qui est beau,
ce qui est bon dans notre vie, afin de faire grandir cela.
Et, ce faisant : et la paille, et la poutre, deviendront bien moins importantes qu’on ne le pensait à première vue.
3° L’arbre et son fruit.
La troisième image : celle de l’arbre et de son fruit, me suggère de souligner que les arbres fruitiers en particulier
ont besoin de soins suivis et d’attention pour que leurs fruits soient beaux.
Ce qui est important c’est cette attention à soigner l’arbre lui-même.
Car « c’est le fruit qui manifeste la qualité de l’arbre ». Les fruits sont le résultat de ces soins.
Plusieurs mettent la charrue devant les bœufs et ne pensent qu’aux fruits à récolter. Ils oublient de prendre soin
de l’arbre qui porte les fruits.
Et, malheureusement, la suspicion, la rancœur, ou l’esprit de revanche conduit à la guerre.
Parfois même, la volonté de maintenir à tout prix une relation avec quelqu’un, qui ne souhaite qu’avoir la paix
et prendre de la distance avec vous, serait une attitude qui menacerait de pourrir « l’arbre de la relation » jusqu’à la racine.
Alors, chers amis, avant de critiquer, avant de rouspéter, avant de râler contre tout ce qui, peut-être objectivement,
nous pourrit la vie : essayons d’abord de bénir… de prendre soin… et de s’efforcer à ne dire que du bien des autres !
Car « l’homme bon tire le bien, du trésor de son cœur qui est bon ».
Demandons au Seigneur de recevoir ces paroles d’aujourd’hui avec un cœur ouvert : laissant de côté ce qui
nous culpabilise et qui culpabilise les autres, afin de nous orienter volontairement uniquement vers le bien,
le beau, le bon ! Commençons par construire la paix au plus proche de chez nous…
Alors nous pourrons envisager d’aller plus loin… et de construire la paix entre les peuples du monde entier

+ Père Dominique Lemahieu, Curé

Marquette, Samedi 26 février 2022