Dimanche 14 mars 2021

4ème dimanche de Carême

Un optimisme "acharné"

S’il fallait donner un titre à cette homélie: je dirais:

« Qu’est-ce qu’un chrétien ? Un optimiste acharné ! »

Dans ce passage d’ évangile, Saint Jean nous invite à lever les yeux et à regarder…

Or , nous le savons ce que nous sommes invités à regarder la croix de Jésus, élevé de terre sur le mont du Calvaire.

Ce matin donc, Saint Jean nous invite à regarder le crucifié, à regarder la Croix de celui qui est attaché pour y découvrir l’amour suprême de Dieu, le Père.

« Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique. »

 

Il  y a 20 ans, au tout début de ma vie de prêtre, j’étais à Roubaix. Un groupe de chinois était venu visiter l’église du centre-ville. L’un d’eux , qui n’avait vraisemblablement jamais entendu parler de Jésus, m’interpela.

Il pointa son doigt sur l’immense crucifix au fond du chœur de l’église et me demanda.

« Mais qu’est-ce que c’est cette horreur? Qu’est-ce ça fait là? Un supplicié, plein de sang, cloué sur une croix! ».

Oui… Depuis 2000 ans environ, Jésus, élevé sur la croix est devenu notre symbole de rassemblement, à nous les chrétiens.

Le Cardinal Hans Urs von Balthasar a écrit dans l’un de ses ouvrages que « nous  ne serons véritablement chrétiens que le jour où nous saurons déchiffrer sur le visage du crucifié, la beauté  et l’amour de Dieu ».

Saint Jean  nous invite ce matin à lever notre regard et à oser regarder celui qui a souffert pou notre salut pour que nous y découvrions l’amour de Dieu la Père pour le monde et donc pour chacun de nous.

Avec l’essor de a consommation, notre société contemporaine a extrémisé la mise en valeur du confort, de l’esthétisme, des performances. Il suffit de regarder les publicités pour les parfums à la télévision: le bonheur consisterait à assouvir l’ensemble des plaisirs qui fournissent ces produits cosmétiques. Plus généralement, on nous fait croire que pour être heureux , il faut acheter, posséder et profiter.

Ceci ne date pas d’hier… Dans l’Antiquité, les philosophies grecques avaient valorisé la doctrine de l’hédonisme, qui fixe le plaisir et non le bonheur comme but de la vie humaine.

Nous voici au cœur de notre cheminement de Carême de cette année;  « Nous habitons tous la même maison ».  A force de consommer, nous épuisons les ressources naturelles de notre terre. Cela conduit à des inégalités flagrantes entre les continents. La guerre est inévitable lorsqu’on veut conquérir le bien ou la réputation d’autrui. Nous en constatons même les conséquences dans les bandes rivales de nos banlieues, qui sèment la violence, la barbarie et la mort entre les jeunes.

 

Oui, ce matin, nous sommes invités à regarder « le serpent » en face. Il ne faut pas se détourner. Il ne faut pas se voiler la face. Il ne faut pas ignorer les forces du mal qui existent dans notre monde.

Jésus lui même en a été victime: On a trainé « l’Amour personnifié » devant le tribunal. On l’a condamné. On l’a flagellé. On lui a craché au visage. On l’a crucifié. Il en est mort.

 

Pourtant…. il en est sorti vainqueur. Il est ressuscité. Il est vivant!

C’est donc à l’optimisme que nous sommes invités. Non pas un optimisme béat, mais un optimisme acharné; c’est à dire un optimisme qui se bat avec acharnement contre le mal, non pas en l’ignorant, mais en le combattant de l’intérieur. C’est parce que le Christ n’a pas refusé de s’affronter au mal qu’il a fini par en être vainqueur. Dieu aime ce monde! Cela signifie qu’il ne se résigne pas au mal, mais qu’il veut sauver le monde.

 

Il s’agit de laisser la Bonne Nouvelle venir évangéliser en nous tout qui doit encore l’être.

 

Il s’agit de venir à la lumière pour en faire la vérité afin que l’œuvre de Dieu s’accomplisse en nous.

 

La lumière ce matin nous est proposée. Elle nous est offerte. LE courage de la foi nous est demandé pour que nous puissions reconnaitre que Jésus est véritablement notre sauveur et entrer plus profondément dans un acte de foi.

 

Qu’il nous soit donné, en recevant le Christ Jésus dans l’Eucharistie et en disant « Amen » à celui qui nous dira « le corps du Christ » de laisser véritablement la puissance de sa Résurrection se mettre à l’œuvre en nous: pour que nous renoncions au mal et au péché, pour que nous aimions le monde, et que nous priions pour le salut de tous.

 

Amen.

+ Père Dominique Lemahieu, Curé

Wambrechies, le dimanche 14 mars 2021

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