Homélie du dimanche 13 novembre 2022
Persévérer dans l’optimisme
33ème dimanche du Temps Ordinaire -Année C
En écoutant ce texte d’évangile, je me suis rappelé d’une conversation que j’ai eu dernièrement avec l’une d’entre vous…
Monsieur le curé me disait-elle, lorsque je regarde les évènements du monde actuel, je me demande si ce ne sera bientôt
la fin du monde.
Effectivement, nous pourrions le croire, en relisant ce que vient de nous dire Jésus :
« On se dressera nation contre nation, royaume contre royaume ».
Cela n’évoquerait-il pas la guerre en Ukraine, qui pourrait dégénérer à nouveau vers un conflit mondial ?
« Il y aura de grands tremblements de terre et, en divers lieux, des famines »
Le réchauffement climatique dû en grande partie à la surconsommation des ressources de notre planète y fait penser.
De nouvelles famines dramatiques surgiront vraisemblablement au niveau mondial.
et des épidémies : S’agirait-il de l’annonce du Covid ?
Tout cela, serait-il les prémices de la fin du monde ?
Je laisserai aux scientifiques le soin de répondre à cette question.
Pour ma part, je ne crois pas que ce soit la fin du monde, mais la fin d’un monde.
car, dimanche prochain, nous fêterons le Christ, Roi de l’Univers.
Et ce Roi, Jésus Christ, nous invite sans cesse à la confiance et à la responsabilité personnelle, pour un monde de
fraternité, de justice, et de paix.
Alors, plutôt que de commenter ces textes liturgiques qui reviennent systématiquement à chaque fin d’année,
et dont le genre est dit « apocalyptique », je me contenterai de vous raconter deux faits de vie de cette semaine :
Deux anecdotes qui illustrent bien, me semble-t-il, cette dernière phrase que nous venons d’entendre dans le
passage d’évangile d’aujourd’hui :
« C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie »
Premier fait de vie :
La semaine dernière, j’ai rencontré quelqu’un qui me disait son désarroi. « Je suis perdu » me disait-il. Je doute.
« Je crois en Dieu, et pourtant quand je regarde notre monde, je doute :
Que de souffrances dans notre monde ! Que de malheurs ! Que de catastrophes ! Est-ce que nous ne nous serions
pas trompés ? Jésus-Christ est-il réellement le sauveur du monde ?« Quand je regarde le monde, je doute »
disait-il…
Oui, il s’agit de regarder. Mais quel regard portons-nous sur le monde ?
Il me semble bien que si je me mettais à la place de Dieu, et que je regardais le monde avec mes yeux humains,
je me mettrais, moi aussi à douter… Non pas à douter de Dieu, mais à douter de l’humanité !…
Et si nous essayions, chers amis, de regarder le monde, non pas avec des yeux humains : des yeux qui scrutent,
des yeux qui critiquent, des yeux de peur, des yeux de méfiance, des yeux qui ne voient de prime abord que ce qui ne va pas ?
Essayons de changer de lunettes ! Essayons de regarder le monde avec les yeux de Dieu.
Car Dieu ne désespère jamais de l’humanité. Dieu veut que, « pas même un cheveu de votre tête ne soit perdu ».
Il ne s’agit pas d’être naïf. Nous savons, bien sûr, que le monde dans lequel nous vivons est un monde en
souffrance : Un monde marqué par le péché.
Mais osons affirmer à notre tour, ce que dit Saint Paul dans sa lettre aux romains (Ro, 5, 20) :
« Là où le péché a abondé, la grâce a surabondée » et puis, nous l’avons entendu dans la première lecture :
un jour « le Soleil de justice se lèvera : il apportera la guérison dans son rayonnement ».
Non, je ne crois pas à la fin du monde (tout du moins pour tout de suite…) mais je crois à la fin d’un monde.
Je la souhaite même, la fin de ce monde, où semble régner partout la violence, la haine entre les peuples,
l’irresponsabilité climatique, et la volonté de toujours avoir davantage que ce que l’on a déjà.
Deuxième fait de vie :
Un jour une maman m’a confié « qu’elle n’en pouvait plus ! »
Elle courrait partout, entre l’école pour les plus grands, le pédiatre pour bébé qui était malade, les courses à faire,
le ménage, et le métier à assumer – car elle est institutrice.
Elle court partout et toujours, et elle a l’impression de transmettre autour d’elle cette pression :
Il faut toujours que ses enfants se dépêchent sinon ils vont être en retard à l’école,
il faut se dépêcher de manger car après, il y a la leçon de piano ;
il faut se dépêcher d’aller au lit sinon demain ils seront fatigués.
Bref, me disait-elle : « le rythme de la journée, et la course en avant, m’angoissent ».
…/…
Jusqu’au jour où son petit Raphaël entre en courant dans la cuisine, saute à son cou, et lui dit à l’oreille :
« Maman, tu es la meilleur de toutes les mamans ! ». Aussitôt fait, il s’en retourne en courant, et repart jouer.
C’est alors, m’a-t-elle dit que « je me suis rendu compte que je n’étais pas seule.
Il y avait Jésus-Christ qui courrait à côté de moi tout au long de ma journée et il a fallu ce petit événement
pour que je me rende compte qu’il y avait quelqu’un. Il y avait Dieu qui me sautait au cou. »
« C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie »
Au cœur de notre monde qui semble régi par les forces du mal et de la destruction, Dieu agit et fait jaillir la vie !
Tel est le cœur de notre foi de chrétiens !
… C’est ce mystère de Pâques que nous allons célébrer maintenant dans l’Eucharistie
