le publicain et le pharisien

30ème dimanche du Temps Ordinaire -Année C

Deux hommes montèrent au Temple : Un pharisien et un publicain.
On connaît bien cette histoire que nous venons d’entendre dans cette parabole racontée par Jésus.
Quitte à être un peu provocateur, je voudrais aujourd’hui faire l’éloge du Pharisien et comprendre pourquoi Jésus a l’air de préférer l’attitude du Publicain.
Le pharisien, contrairement à ce que l’on pourrait penser est un homme qui fait beaucoup d’efforts d’un point de vue religieux. Personnellement, je ne suis pas sûr que je serais capable d’en faire autant : il jeûne deux fois par semaine… Moi j’ai bien du mal à jeûner ne serait-ce que je vendredi saint. Il donne 10% de tous ses revenus à la quête et au denier de l’Eglise…. Et moi, j’ai bien du mal à donner 5 euros le dimanche… Et puis sa prière commence plutôt bien. vous avez entendu ? « Mon Dieu, je te rends grâce »
C’est d’ailleurs ce que nous allons prier ensemble tout à l’heure en apportant le pain et le vin sur l’autel : « Nous te rendons grâce, Dieu de l’univers, nous avons reçu de ta bonté ce pain et ce vin, fruit de la terre et du travail des hommes ».
Le publicain, contrairement à ce que l’on pourrait penser, lui, n’est pas un personnage très recommandable.
Les publicains à l’époque de Jésus, c’était des percepteurs d’impôts.
Ils n’étaient pas bien vus parce que ils travaillaient pour l’occupant romain.
Et en plus, c’étaient des voleurs, des profiteurs : Leur salaire, il le gagnaient en détournant l’argent du fisc…
Alors me direz-vous, qu’est-ce qui fait que Jésus retourne la situation ? Comment se fait-il qu’il ait l’air de féliciter le publicain et de faire la leçon aux pharisiens ?
En fait, il me semble que c’est parce que, c’est une question de foi !
La foi en Dieu, c’est croire que tout ce que nous avons, tout ce que nous sommes, nous le devons de Dieu.
« Qu’as-tu que tu n’aie reçu ? » disait Saint Paul aux corinthiens (1co 4,7)
La foi, cela demande un effort d’humilité ; La foi, c’est accepter de laisser le Seigneur faire lui-même son œuvre en nous :
C’est se laisser faire ; se laisser modeler par lui.
Et aussi admettre que nous ne sommes pas parfaits, quels que soient les efforts que nous puissions faire.
La foi, c’est donc accepter de se laisser guérir de toutes nos blessures (physiques, morales ou spirituelles), que, peu ou prou, nous portons en nous.
Dieu ne souhaite qu’une seule chose : notre bonheur.
Mais il ne le fera que si nous lui ouvrons notre cœur. Car Dieu ne fait pas violence : Dieu ne s’impose pas ; il se propose.
Ce dimanche, c’est la journée mondiale de prière pour la mission.
La mission, c’est cela : préparer et ouvrir les cœurs de ceux que nous rencontrons afin que le Seigneur puisse agir.
Le reproche que l’on peut faire au pharisien c’est qu’il est dans l’auto-contemplation. Il se recroqueville sur lui-même.
Le pharisien se glorifie lui-même, plutôt que de glorifier Dieu.
Il tombe dans le plus grand de tous les péchés : le péché d’orgueil. Il est « plein de lui-même ».
Et s’il est rempli de lui-même ; s’il est « plein », alors il n’y a plus de place vide. Il n’a plus aucun désir de progresser.
Dieu ne peut alors plus rien lui apporter. Dieu ne peut plus rien pour lui.
Le publicain, lui, est bien conscient que sa vie n’est pas parfaite. Loin s’en faut… Mais il s’ouvre à Dieu :
Ce Dieu dont il reconnaît tellement la grandeur, qu’il se tient à distance. Il prie avec le langage des pauvres.
Il sait que malgré sa richesse financière, il est dans le besoin :il a besoin de Dieu.
Alors il est justifié : ajusté à la prière, à la Vérité et à la Volonté de Dieu.
Une expression m’a interpelé à la fin de l’évangile : « Quand le publicain redescendit dans sa maison, c’est lui
qui était devenu un homme juste ».
Redescendre dans sa maison, c’est sans doute à comprendre de façon symbolique : redescendre en soi-même.
Au cours de cette messe redescendons en nous-mêmes… C’est là qu’habite l’Esprit Saint : dans notre cœur.
Prier, c’est donc essayer de faire un peu de place dans le plus profond de notre être.
Prier, c’est faire le vide en nous, pour que Dieu lui-même puisse y mettre tout son amour.

+ Père Dominique Lemahieu, Curé

Saint André, Dimanche 23 octobre 2022