Jésus le bon samaritain

Je voudrais aujourd’hui vous surprendre,
et vous montrer que l’évangile bien connu de ce dimanche peut lui aussi nous surprendre.
On a fait de cette parabole, un appel à la charité ; un appel à être tous des bons samaritains qui se penchent
sur les blessés de la vie : les pauvres, les malheureux, les malades, les souffrants.
On a fait de l’Evangile, une leçon de morale : « il faut être bien gentil avec son voisin ».
Eh bien pour moi : ce n’est pas du tout cela ! Car à force de croire que notre religion est une leçon de morale,
on finit par être moralisateur ; On réduit notre religion à un ensemble de précepte : « il faut » ;
« Il faut faire ceci, il ne faut pas faire cela », « il faut être bon ; il ne faut pas tomber dans le péché »…
A force de dire cela, nous, les chrétiens, on finit par ne plus intéresser personne. On finit même par être fatigants !
Pour moi, l’Evangile d’aujourd’hui n’est pas une leçon de morale, mais une leçon de spiritualité et de foi.
A la question du docteur de la loi « qui est mon prochain ? », la réponse est : « le prochain, c’est Jésus ! ».
En fait, qui est cet homme blessé ?… C’est toute l’humanité.
Cet homme descend de Jérusalem vers Jéricho. Cet homme va dans le mauvais sens :
Alors que l’humanité est appelée à faire de sa vie une croissance, une montée vers Dieu, cet homme descend.
Il descend de Jérusalem vers Jéricho. Il quitte le Temple Saint. Il quitte la présence de Dieu.
Il se rend vulnérable au mal.
Cette parabole résume donc toute l’histoire de l’humanité qui fait l’expérience que, sans Dieu, nous allons à notre perte !
Et que fait Dieu ? Eh bien Dieu se fait proche de celui qui s’était éloigné.
Que fait Dieu avec l’humanité qui s’en va à sa perte ? Dieu envoie Jésus.
Le samaritain, celui qui se fait proche de l’humanité blessée : c’est Jésus !
Le Bon samaritain va « prendre soin ». J’aime bien cette expression…
Prendre soin, c’est prendre en charge avec soin : pas « à la va-vite », comme ça, en passant.
Mais prendre soin en faisant attention, soigneusement, en s’appliquant avec un infini respect.
Le bon samaritain qui prend soin de l’homme blessé, c’est Jésus qui prend soin de chacun d’entre nous !
Jésus s’approche ; il se fait proche de nous ; nous qui nous éloignons si souvent de lui. Il guérit nos blessures.
Il verse de l’huile qui apaise, et du vin qui aseptise nos plaies : celles qui se situent au plus profond de notre cœur.
Il nous charge sur sa propre monture : c'est-à-dire sur son dos. Tel qu’il fera avec la croix, lors de la passion.
Parce que Dieu aime passionnément l’humanité !
Tel le Bon Pasteur qu’il est, il prend soin de ses brebis que nous sommes.
Jésus poursuit sa parabole en expliquant que le bon samaritain conduisit l’homme blessé dans une auberge.
Le lendemain, il sortit deux pièces d’argent.
Le chiffre est symbolique : une pièce d’argent, dans la bible, c’est le salaire d’une journée. Deux pièces… Deux jours.
Que se passera-t-il le troisième jour ?
Le troisième jour à partir du jour du Vendredi Saint, c’est le dimanche de Pâques : jour de Résurrection.
Alors, même s’il nous arrive de douter. Même s’il nous arrive d’être malade. Même s’il nous arrive de souffrir.
Même s’il nous arrivera tous un jour de passer par la mort… Car cela fait partie de notre condition humaine limitée.
Même à travers les peines bien réelles de notre vie, Jésus se fait proche de notre pauvreté. Il est le Bon Pasteur.
Il nous charge sur ses épaules.
De sa propre vie, Il paie le prix, pour que même à travers la mort, rien de ce que nous sommes ne soit perdu.
Car il est le premier né d’entre les morts. En lui habite toute plénitude. Faisant la paix par le sang de sa croix ;
la paix pour tous les êtres, sur terre et dans le ciel.
Célébrons maintenant cela… Voulez-vous ?…
Célébrons Jésus, le bon samaritain, qui prend soin de chacun de nous, en nous donnant sa vie par le mystère de
l’Eucharistie.

+ Père Dominique Lemahieu, Curé

St André, Dimanche 10 juillet 2022