Veillée pascale : Patience !

Quelle joie, ce soir, de pouvoir enfin célébrer la veillée pascale.

L’année dernière, souvenez-vous, nous étions en couvre-feu. Il nous a fallu vivre la liturgie de la lumière :
le matin à l’aube. C’était d’ailleurs très beau. Cela a suscité tellement d’émotion auprès de beaucoup d’entre vous, que nous allons renouveler cela demain matin, à 6h30 en l’église St Paul.

Un an avant, en 2020, c’était le confinement total.

Il faut donc remonter à 2019… ! C’était notre dernière veillée pascale : il y a 3 ans !

Vous l’aviez vécue avec mon prédécesseur, l’abbé Jean-Luc Morand qui vous salue tous fraternellement ce soir.

Cela me donne à méditer, et à m’émerveiller ce soir au sujet d’une vertu tellement difficile à suivre (en premier lieu pour moi-même…) : celle de la patience.

Et cette patience, c’est Dieu lui-même qui l’exerce en premier lieu.

Nous venons d’entendre cela… à travers les textes que nous avons reçus de la liturgie : à commencer par le livre de la Genèse :

Dieu, depuis la création du monde, a préparé, façonné, modelé le cœur de l’homme dans un seul objectif :
celui d’une rencontre. La rencontre de notre humanité avec son créateur. La rencontre de l’homme avec Dieu.

Il en fallu du temps pour cela :

– Depuis l’exode, où Dieu lui-même est intervenu, pour libérer l’homme de tout esclavage ;

– En passant par les prophètes Isaïe, Baruc et Ezékiel, qui interpellaient déjà le monde du désir de Dieu de venir
à notre rencontre, malgré notre indignité. C’est Dieu lui-même qui versera une eau pure pour que nous soyons purifiés.

– Cette eau qui nous prépare à la rencontre avec ce Dieu d’infinie patience, c’est celle du baptême dont parle St Paul.

Oui : Infinie patience de notre Dieu.

Douceur ineffable dont notre Seigneur a fait preuve tout au long de l’histoire de notre humanité.

Oui : nous venons de nous rappeler cela, à travers les textes que nous donne cette liturgie de notre veillée pascale. Celle-ci se déroule comme dans les familles d’autrefois où, au coin du feu, le patriarche de la famille faisait mémoire de ce qui constituait le socle, la base, le fondement solide de l’ossature familiale.

Aurélian, Gwenaelle, Lou-Ann, vous allez entrer ce soir dans cette famille là : la famille de Dieu. Ce Dieu qui,
tout en prouvant sa douceur, son respect infini vis-à-vis de votre propre histoire, a attendu le moment favorable pour que vous puissiez librement répondre à son appel.

Le Dieu auquel nous croyons n’est pas le dieu des grecs ou le Dieu des romains d’il y a 2000 ans. Ce n’est pas un Dieu qui surplombe du haut de l’olympe : celui du royaume divin de Zeus ou de Jupiter.

Le Dieu auquel nous croyons est un Dieu qui se met à notre niveau ; il se met à notre portée.

Il se propose sans jamais s’imposer. Il accepte même que nous le refusions. Mais avec patience et ténacité,
sans jamais se décourager, Dieu se propose à chacun d’entre nous, afin que nous puissions entrer dans son intimité : Celui de son amour incommensurable.

Vous l’avez témoigné à vos accompagnateurs : votre expérience de vie n’a pas été un long fleuve tranquille. Chacun, chacune d’entre vous a dû passer par des hauts et des bas. Des joies accueillies, et des épreuves surmontées.

Et ces derniers mois, avec l’aide du service du catéchuménat, vous vous êtes préparés à recevoir ce que Dieu va faire dans un instant pour vous : le sacrement du baptême. Vous nous l’avez dit. Vous nous l’avez témoigné :
la découverte de la Parole de Dieu ; la confiance, la paix et la sérénité dans laquelle notre Seigneur vous propose d’entrer, a été comme une révélation pour donner du sens à votre vie. Dieu lui-même a accueilli votre parcours de vie,
comme il a accueilli l’histoire de son peuple en pérégrination à travers le désert, pour trouver la terre promise.

Cette terre promise est encore une tranche d’histoire qui s’ouvre à vous. Dieu va encore prendre patience vis-à-vis de vous : Tel un potier qui façonne l’argile de ses mains, avec une délicatesse infinie, notre Seigneur vous invite à vous laisser modeler à son image : l’image d’un Dieu aimant, compatissant, doux et humble de cœur.

Mais il y a plus. Il y a encore davantage. Nous l’avons entendu : le tombeau est vide.

Cela ne concerne pas seulement Jésus. Cela concerne chacun d’entre nous ! Notre tombeau est vide.

Rien ! pas même la mort, ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu.

Christ est ressuscité des morts. Par sa mort il a vaincu la mort. A ceux qui sont dans les tombeaux il a donné la vie !

+ Père Dominique Lemahieu, Curé

Marquette, Veillée pascale du 16 avril 2022