Aimer l’Eglise c’est agir pour son unité

Ce dimanche est au centre de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens :
Le texte de Saint Paul abordant l’unité du corps dans la diversité de ses membres est donc tout à fait bienvenu.
Les divisions qui persistent entre les différentes confessions chrétiennes est une offense, voire même une insulte
faite à Jésus lui-même. Que nous soyons Catholiques, Orthodoxes ou Protestants, nous portons tous le même nom
que celui de Jésus : « Christ »… « Chrétiens ».
C’est pourquoi cette semaine de prière pour l’unité des chrétiens n’est pas tout à fait une fête.
On ne peut pas, en effet, faire la fête, et célébrer une blessure, surtout lorsqu’elle atteint le corps du Christ,
et qu’elle devient un scandale aux yeux de tous.
Cette semaine n’a de sens que si elle est vécue comme un temps de pénitence, de demande de pardon à Dieu lui-même,
de prière de réconciliation et de volonté de conversion pour apprendre à nous aimer, à porter le souci des un et des autres
quelles que soient nos différences.
Cette semaine de prière est l’occasion idéale pour réfléchir non seulement à notre attitude à l’endroit des
chrétiens des autres confessions, mais aussi à notre propre appartenance à l’Eglise.
La question centrale est donc : Aimons-nous l’Eglise ? À commencer par notre Eglise : Tous, fidèles du Christ,
dans la diversité de leur situation : en tant que laïcs, religieux, religieuses, diacres, prêtres et évêques ?
Il me semble que les différents scandales au sein même de l’Eglise catholique ont créés un certain climat de
suspicion malsain.
Bien sûr, il ne faut pas se cacher derrière un voile pudique : Le mal existe. Il faut le reconnaître et le combattre.
Ignorer cela, serait de « l’hédonisme puéril ».
Cependant, à force de chercher à traquer le mal et de le soupçonner se trouver en permanence dans chaque recoin
de notre existence, il se pourrait bien que nous cherchions à regarder ce qui va mal, avant de regarder ce qui va bien.
Est-ce que, par notre attitude, les gens qui nous entourent sentent chez nous un amour réel de l’Eglise,
un attachement à sa Tradition, un souci affectueux pour ses difficultés, une solidarité avec les défis auxquels
elle doit faire face ? Ou donnons-nous l’impression d’être comme des adolescents en guerre avec leurs parents
qui, à la moindre occasion, en profitent pour critiquer ?
Je dois bien vous avouer que j’ai toujours souffert de voir des chrétiens et des chrétiennes dénigrer leur Eglise,
sous prétexte qu’ils ne sont pas d’accord avec les décisions qu’eux-mêmes prendraient s’ils étaient pape ou évêque.
A partir du moment où on ne reconnaît plus ces derniers comme des frères qui ont la charge de nous conduire ;
des frères qui font leur possible et donnent habituellement le meilleur d’eux-mêmes… à partir de ce moment là,
on s’engage déjà sur la pente de la division.
Bien sûr, il ne s’agit pas, pour les fidèles laïcs, d’être « des moutons de panurge ». Le droit de critique est essentiel.
C’est un droit fondamental dans nos sociétés ; et il faut bien reconnaître que les baptisés n’ont pas toujours
le sentiment d’être entendus dans leur Eglise. Il y a certainement des progrès à faire sur ce point.
Pendant la période du carême qui approche, nous aurons d’ailleurs l’occasion d’en reparler concrètement :
Comment l’Eglise peut-elle être davantage « synodale » ? C'est-à-dire : comment les décisions, qui sont nécessaires,
peuvent-elles davantage être prise de façon collégiale ?… A commencer par écouter le désir de chacun
et particulièrement du plus petit, et du plus éloigné des préoccupations de nos structures ecclésiales…
Néanmoins, cet esprit critique ne peut justifier le manque de bienveillance et d’amour, à travers les critiques
acerbes, l’aigreur, sinon l’hostilité que l’on constate souvent et qui relèvent davantage de frustration
et de volonté de revanche que d’un esprit évangélique.
Cette semaine de prière pour l’unité des chrétiens vient nous rappeler l’importance d’aimer l’Eglise.
Aimer l’Eglise, ce n’est pas seulement l’aimer dans ses institutions. C’est aimer son corps qui la constitue :
c'est-à-dire avant tout ses membres que nous sommes. Nous sommes tous réunis dans une même communion,
grâce à l’Esprit Saint, qui nous fait vivre de la vie du Christ.
Quand je dis qu’il nous faut aimer l’Eglise, cela englobe sa totalité : le présent ; le passé ; et l’avenir. Je pense à
tous ceux et celles qui ont mis leur foi en Dieu : depuis notre Père Abraham, jusqu’aux plus modestes témoins
d’aujourd’hui dont les paroles et les actes sont marqués par l’Evangile.
C’est toute l’Eglise qu’il nous faut aimer. Toute l’Eglise chrétienne. Car : que ce soit chez les catholiques,
les protestants ou les orthodoxes, il y a la même présence de Jésus-Christ et de son Esprit Saint qui est à l’œuvre.
Comment aimer le Christ, si nous n’aimons pas l’Eglise ? Jésus a donné sa vie pour elle !

+ Père Dominique Lemahieu, Curé

Marquette, le 23 janvier 2022